Ça donne envie

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Vous ne savez pas quoi raconter sur votre blog ? Regardez la télé (attention : fonctionne moins bien avec Arte).

Or donc, nous nous sommes mariés. J’utilise ici le pluriel vu que ce genre d’événement se pratique à deux. Voire même à beaucoup en voyant le nombre de sémillants invités (au passage on vous aime).

Bien que nous ne soyons pas de fervents traditionnalistes, la coutume du voyage de noces est somme toute sympathique, et nous envisageons donc de partir au Mexique (vous devriez commencer à raccrocher les wagons ?).

Il se trouve qu’hier soir passait sur France 2 une émission sur le Mexique. Présentée par Stéphane Bern, bon, mais n’ayons pas d’a priori ridicules. Il m’arrive, quand j’ai l’occasion de l’écouter, de rire aux blagues des chroniqueurs du Fou du Roi. Et puis l’émission est sur le Mexique, pas sur Stéphane Bern. Nous commençons donc à regarder. Je vous passe les lieux communs servis sur le Mexique, terre à la croisée du Nord et du Sud, bla bla.

Par contre, j’avoue avoir tiqué lors du sommaire. La bande-annonce qui nous avait accrochés il y a quelques jours semblait présenter un clone d’Ushuaïa / Faut pas rêver / Des racines et des ailes. On se retrouve avec “Points de vue et images du monde mexicain”. Bern, me direz-vous. Oui, bon d’accord. Le premier sujet nous présente la success-story d’un riche héritier d’une famille d’émigrés français qui ont fondé un empire sur le citron mexicain. Illustration sonore : Gotan Project, un groupe franco-… argentin, perdu. Carlos Couturier est fier d’avoir réussi, pensez donc : sa consécration fut de se faire louer son premier hotel de luxe par Paris Hilton pendant une semaine. “On s’est beaucoup amusés”. Tu m’étonnes.

Je tique plus violemment sur le lancement du deuxième sujet, durant lequel Stéphane Bern nous explique le Mexique est une terre de contraste (soupir devant la banalité du lieu commun [1]), car, en effet, tandis que de plus en plus de gens vivent dans la pauvreté, certaines familles accumulent des fortunes de plus en plus colossales.
Allions-nous intéresser aux pauvres ? Que nenni ! Rendez-vous compte ma bonne dame, ces gens doivent être tout pouilleux tout sale : ils n’ont même pas de piscine.
Et nous voila à suivre les pas de Liliana Machina de Chosa [2], femme batante dans un pays de macho, riche héritière qui a pris sa destinée en main. Je ne sais pas en quoi elle a pris sa destinée en main, tout ce que j’ai retenu, c’est qu’elle est l’héritière d’une fortune de 3 milliards de dollars. Qui dit “héritière” dit “Papa ou maman a fait fortune”. En l’occurence, c’est Papa. Et Papa chasse. Papa chasse depuis 40 ans nous explique le speak, tout autour de la Terre, les animaux les plus sauvages, les plus dangereux, les plus rares. Et là, alors que la caméra nous montre des lions, des jaguars, des ours polaires, des léopards empaillés, la bande-son cautionne : “et tant pis si certains sont en voie de disparition”.

Je ne peux pas vous raconter la suite, je suis allé pleurer sur ma redevance.

[1] Associer banalité et lieu commun relève peut-être du pléonasme en temps normal, mais là ça relève surtout la platitude du présentateur et de son discours.

[2] Liliana a préféré garder l’anonymat.

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