Je ne résiste pas

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… à l’envie de vous faire un petit copier-coller. Allez, même deux, au diable l’avarice.

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Je n’ai pas l’intention de laisser mourir la pêche”, a prévenu Nicolas Sarkozy en arrivant, mardi 6 novembre, au Guilvinec, le port breton d’où est parti, vendredi, le mouvement de contestation des marins-pêcheurs contre la hausse des prix du carburant. Dans une ambiance tendue, le président a annoncé sa mesure phare pour venir en aide à la profession : l’exonération totale des cotisations patronales et salariales pour une durée de six mois, un dispositif “renouvelable”, a-t-il précisé. Cette mesure coûterait, selon le chef de l’Etat, 21 millions d’euros par trimestre.

Autre proposition formulé par M. Sarkozy lors de sa rencontre avec les pêcheurs, un “plan de sauvegarde” pour moderniser les moteurs des bateaux de pêche “afin de réduire leur consommation en gazole”. Enfin, le président a demandé au ministre de l’agriculture et de la pêche, Michel Barnier, d’élaborer avec la profession, “dans les trois mois”, un “mécanisme durable qui intègre le coût du gazole dans le prix du poisson vendu à l’étal”.

“NOUS AUSSI, ON VEUT 140 % D’AUGMENTATION”

La visite de Nicolas Sarkozy avait débuté dans une ambiance tendue, le chef de l’Etat se voyant invectivé par la foule des pêcheurs. “Du concret ! du concret !”, ont-ils crié, alors qu’une partie de l’assistance sifflait le président. “Nous aussi on veut 140 % d’augmentation”, “15 jours de mer et 300 euros c’est pas normal”,  a-t-on également pu entendre. La situation avait même paru dégénérer un instant, lorsque le président s’est énervé, lançant à un marin : “Toi si tu as quelque chose à dire, tu as qu’à venir ici !”

Avant l’arrivée de M. Sarkozy, le porte-parole du “comité de crise” des pêcheurs bretons, Philippe Le Moigne, avait lancé un appel au calme aux pêcheurs, leur demandant “un peu de discipline (…), de gentillesse et de compréhension”, le temps de la réunion avec le président.

Les marins-pêcheurs n’ont pas encore fait savoir ce qu’ils pensaient des propositions de M. Sarkozy et la suite qu’ils entendent donner à leur mouvement. Par ailleurs, les mesures pour la pêche doivent être acceptées par Bruxelles, qui dispose d’une compétence très étendue sur le dossier.

Et puis mon oeil se promène, et je vois ce lien : “Nicolas Sarkozy est augmenté de 172 %, et non de 140 %”, qui ouvre sur l’article suivant.

“Transparence”. Tel était le maître mot du – bref – débat qui a précédé le vote à l’Assemblée nationale, mardi 30 octobre, de l’augmentation du traitement du président de la République. Mais personne, à la sortie, n’était en mesure d’indiquer avec précision la rémunération actuelle du chef de l’Etat et celle à laquelle il aura droit à compter du 1er janvier 2008.

Interrogé par Le Monde, le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, qui a présenté les crédits des pouvoirs publics et défendu les amendements du gouvernement sur le budget de l’Elysée, a fourni ces indications : de 7 084 euros à l’heure actuelle, l’indemnité mensuelle nette du président de la République passera à 19 331 euros, soit une augmentation de 172 %, et non de 140 % comme Le Monde, ainsi que la plupart de ses confrères, l’avaient écrit. Des chiffres confirmés par l’Elysée.
La confusion naît d’une note de l’Elysée jugeant “souhaitable que la rémunération du président soit portée à un niveau comparable à celle du premier ministre”. La rémunération brute annuelle de François Fillon atteint 240 000 euros. Le rapprochement a été fait avec la “dotation” annuelle du président, fixée à 101 488 euros dans le projet de loi, sans changement par rapport à l’année précédente.

“RÉCOMPENSE DU MÉRITE”

Jusqu’à présent, la rémunération du chef de l’Etat ne répondait à aucun critère réglementaire. L’amendement voté à l’Assemblée dit que le président recevra dorénavant, comme les membres du gouvernement, “un traitement brut mensuel calculé par référence au traitement des fonctionnaires occupant les emplois de l’Etat classés dans la catégorie dite hors échelle, au plus égal au double de la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le plus élevé de cette catégorie” [1].

Le but est d'”aligner les modalités de rémunération du président de la République sur celles du premier ministre“. Les modalités, et non le montant.

Le bicentenaire de la Cour des comptes, lundi 5 novembre, a donné l’occasion à Nicolas Sarkozy de parer de vertu cette augmentation de salaire. Elle s’accomplit dans le cadre plus général d’une “révolution intellectuelle et morale” de l’Etat, qui oblige “à la transparence” et induit “la récompense du mérite et du travail bien fait”, a-t-il expliqué. “J’ai voulu que la présidence de la République donne l’exemple [2]”, a ajouté M. Sarkozy.

M. Sarkozy a proclamé la “rupture”. “Un mot que j’aime tant”, a-t-il précisé. Pas question, comme l’avait fait Jacques Chirac en 1995 – pour préparer l’euro –, de prôner la rigueur après avoir promis de réduire la fracture sociale : “Si l’austérité produisait des résultats, ça se saurait depuis longtemps”, a-t-il ironisé.

Il a aussi lancé un avertissement “à ceux qui ne croient qu’à la vertu des politiques sacrificielles”, car les Français “n’ont cessé depuis vingt-cinq ans de faire en vain des sacrifices considérables [3]”.

La présence des comédiens Jean Piat et Francis Huster, qui ont joué la séance inaugurale de la Cour en 1807, rappelait que la politique peut aussi être un théâtre.

Béatrice Gurrey et Patrick Roger pour le Monde

[1] J’aimerai que chacun comprenne bien la formule mathématique que cette phrase exprime. Le salaire du Président de la République sera désormais au maximum égal au double de la moyenne entre le plus haut salaire (hors le sien), et le plus bas salaire de la grille de salaires dits “Hors-Catégorie”. On peut supposer que cette grille soit élevée, mais si vous êtes habitué à manipuler les chiffres, le double d’une moyenne à deux éléments, c’est la somme de ces deux éléments… Exemple : admettons que le plus bas salaire de cette fameuse grille soit de 60’000 euros bruts annuels, et le plus élevé, celui du premier ministre, soit 240’000. Ce qui nous fait donc 300’000 euros bruts annuels, soit la bagatelle de 25’000 euros bruts mensuels….

[2] Je vous la refais : cette augmentation de salaire s’accomplit dans le cadre plus général d’une “révolution intellectuelle et morale” de l’Etat, qui induit “la récompense du mérite et du travail bien fait, l’exemple étant donné par la Présidence de la République. Nous avons donc un Président qui estime qu’il fait si bien son travail qu’au bout de 6 mois, il s’attribue un auto-satisfecit financier. J’ai d’affreux souvenirs de cours où on m’enseignait comment certains dirigeants s’étaient auto-rétribués, auto-congratulés, le pouvoir récompensant le pouvoir, et l’argent appelant l’argent, le tout sous couvert d’une ordre moral nouveau. Disons le tout net : un tel cynisme, paré d’une telle hypocrisie, me fait gerber. Et quand je mets l’histoire en perspective, je n’ai plus la nausée, j’ai peur.

[3] Soyons donc rassurés, puisque maintenant les efforts du contribuables auront un effet, celui de remplir la poche du président.

J’entendais la dernière fois un reportage sur France 2 sur la hausse du prix du pétrole et sur ses conséquences sur le coût, notamment, du fioul de chauffage. Un retraité était ainsi suivi comme témoin lors de sa livraison de fioul. Sa facture avait grimpé de plus de 300 euros. Evidemment il s’en plaignait, mais chose étonnante, il a parlé des autres coûts qui allaient peser sur lui l’année prochaine, notamment… les franchises médicales. J’étais très étonné, non pas que ce monsieur, manifestement soucieux de son budget comme tout un chacun, ai fait le rapprochement entre ces deux augmentations, mais que cette remarque n’ait pas été coupée au montage. Combien de temps avant que la majorité des hommes de la rue ne se rendent compte qu’ils ont été floués ? Et une fois cela fait, que se passera-t-il ? Et après Sarkozy, quoi ? Qui ?

Et encore une fois comme dit Iyhel, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Quelles sont ces lois, ces mesures, qui ont été masquées par le tapage médiatique d’un divorce, d’une augmentation ouvertement scandaleuse ?

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