Le pire supplément de jeu de rôle

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Car oui, je fais du jeu de rôle. Non, je ne suis pas un dangereux asocial, non, je ne profane pas de tombe à la gloire de mon dieu satanique et pervers, et non, je ne suis pas schizophrène.

J’apprécie simplement, comme d’autres se déguisent pour aller voir des films, m’immerger avec quelques copains dans un monde imaginaire. Différence avec le fan de Star trek, ma chambre n’est pas remplie de figurines de M. Spock.

Bref, foin de caricature, et présentons un peu le système des jeux de rôles aux néophytes.

Ces jeux sont essentiellement présentés sous forme de livres, qu’un des joueurs, que nous appellerons le narrateur, va lire au préalable, pour découvrir l’univers et les règles. Il est de bon ton que les autres joueurs découvrent ces règles également, mais pas forcément l’univers, qui leur sera présenté par le narrateur au fur et à mesure de la partie.

Car le jeu de rôle c’est avant tout une histoire racontée à plusieurs : un narrateur qui lance une piste, une énigme, un crime à résoudre, et des acteurs – les personnages joueurs – qui vont tenter de trouver la clé du mystère par leurs actions.

Chaque jeu comprend généralement un livre de base, et des (nombreux) suppléments, qui vont présenter plus précisément l’univers et l’enrichir par des aspects nouveaux.

Dans les années 90 / début 2000, le jeu de rôle était à son apogée, et certains jeux étaient tellement populaires qu’on parlait carrément de gamme.

La frénésie commerçante étant partout la même, certains éditeurs de jeu partirent dans un franc délire autour de leur univers. Le plus notable reste celui commis par White Wolf, l’éditeur de ce qui fut donc un univers riche et très populaire, le World of Darkness. Ce monde des Ténèbres avait commencé comme un simple petit jeu où les joueurs incarnaient des vampires, en lutte contre leur instinct animal, et cherchant à garder leur humanité malgré leur nature de buveur de sang. Tout cela est évidemment inspiré d’Anne Rice, et personnellement, j’ai toujours trouvé ça terriblement ennuyeux. La gamme s’est considérablement étoffée, et le World of Darkness s’est enrichi de tout le bestiaire traditionnel. On pouvait ainsi incarner des vampires, des fantômes, des fées, des mages, des momies, et des loups-garous. Chaque “peuple” avait son propre jeu, évoluant dans la gamme “World of Darkness”, et ses propres suppléments. Les deux jeux qui ont le mieux fonctionné étaient celui autour des vampires, dont les suppléments se lisaient comme des romans, mettant en scène des conflits entre créatures antédiluviennes, et celui autour des loups-garous, créatures pas si sauvages que ça, qui luttaient pour protéger la Nature de la pollution et de la corruption apportée par les vampires.

Tout ça était plutôt bien tourné, jusqu’à ce que l’éditeur cherche désespérément des idées pour continuer à vendre des suppléments de la gamme “Loup-Garou”.

Et là, un type plus emméché que les autres a suggéré, “eh, mais pourquoi on ne ferait pas d’autres créatures-garous ?”

Se sont ainsi succédés :

  • des ours-garous (majoritairement russes)
  • des félins-garous (ma foi, pourquoi pas, après tout la Féline est un bon film)
  • des rats-garous (histoire que les précédents puissent se mettre quelque chose, ou pour compléter le trio chien/chat/souris cher à Chuck Jones ?)
  • des coyotes-garous (sans doute pour satisfaire le public amérindien)
  • des serpents-garous (vous sentez qu’on part lentement vers le n’importe quoi)
  • des araignées-garous (essentiellement féminines, majoritairement dévoreuses de chéris)
  • des corbeaux-garous (dont il était précisé dans l’ouvrage qui leur était consacré qu’ils ne se transformaient jamais dans leur forme intermédiaire entre être humain et corbeau, parce qu’ils se trouvaient eux-même trop ridicules)
  • des requins garous (i’d like to be under the sea)
  • et le summum, qui m’a fait écrire ce billet : des Dinosaures-garous. Si si.

Il faut savoir, même si ça fait mal, que le supplément sur les Dinosaures-Garous s’appelait Mokole (au plafond), et comportait, comme tous les autres, des archétypes de personnages destinés aux joueurs feignant ou en mal d’inspiration. On trouvait ainsi un formidable triceratops poète, dont le ridicule n’avait manifestement pas étouffé les créateurs.

Tous ces ouvrages n’ont malheureusement pas été traduits en français, et c’est bien dommage, on aurait pu espérer un traité sur les Ratons-laveurs garous…


Surprise !

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