Chroniques du confinement – J3 – This war of ours

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Premier jour de classe à distance et de télétravail imposé mais pas trop… jusqu’à ce que…

Que faire quand on gagne trois heures de temps ? Soit le temps qu’on ne passe pas dans les transports en commun ou sa voiture pour se rendre à son boulot, et en revenir ? Vous, je ne sais pas, ici, je jardine. A la fraîche. A l’heure où je devrais rouler, je taille, je greline, je sème. Ce matin c’était taille, demain, je ménage un carré pour des poireaux, des carottes et je sais pas quoi encore. Je sèmerai tout ça mercredi matin – ça passe vite quand on s’occupe.

Et mieux vaut s’occuper. Internet croule sous la charge du trafic Netflix et Youtube, les connexions sécurisées professionnelles ne tiennent pas les volumes attendus (j’ai des collègues qui sont incapables de simplement accéder à leurs espaces de travail), et les réseaux commerciaux sont remplis d’informations anxiogènes, pas toutes très fiables comme à l’ordinaire… Heureusement qu’il se trouve aussi des infos fiables.

Et quand elles sont vérifiées, ce n’est pas vraiment plus rassurant. Personne n’en parle mais coucou la bourse, ça va ? Ah non, ça ne va pas. Lalala, j’entends rien, lalala. Penser à autre chose, vite. Tiens, comme : pourquoi s’inflige-t-on ça ? Pourquoi s’abreuve-t-on d’informations à la crédibilité douteuse, pourquoi va-t-on les chercher, compulsivement ?

Les neurosciences nous permettent de répondre : parce que notre cerveau est conçu pour chercher, plutôt que de se contenter d’avoir trouvé quelque chose – c’est cette programmation qui nous permet d’avancer sur plein de chemins, intellectuels et physiques, donc ça a aussi ses bons côtés. Et aussi parce qu’à chaque fois qu’on trouve un petit bidule, aussi infime soit-il qu’une notification, on se prend une décharge de dopamine. Je vous renvoie à cette très bonne vidéo qui explique tout ça (en anglais, mais avec un accent qui permet à n’importe quel français avec du temps devant lui de comprendre… et ça tombe bien, on a du temps, n’est-ce pas ?). S’ajoute peut-être sans doute, un phénomène propre aux événements que nous vivons : détenir l’information avant les autres. Nous vivons en direct ce qui s’apparente le plus à une catastrophe nationale depuis, quoi, la dernière guerre mondiale ? La grippe espagnole ? (spoiler : en vrai personne n’a jamais vu ça, parce que les modes de transport tels que nous les connaissons aujourd’hui n’ont jamais existé en même temps qu’une épidémie de cette ampleur).

Avec ceci que le niveau d’information et son instantanéité n’ont jamais été tels. (Pour beaucoup, ) Nous avons conscience que c’est énorme, dangereux et nous voulons être préparés. Peut-être aussi être la personne qui dira : “je vous l’avais dit, je le savais, je l’avais vu…” Que de bonnes raisons en somme (non, en vrai c’est tout pourri).

Le reste du télétravail ? Quelques témoignages autour de moi concordent : faire bosser des gamins dont il est attendu qu’ils suivent les programmes scolaires ET s’acquitter de son devoir professionnel est compliqué (voire matériellement impossible). Quand les connexions flanchent, autant aller faire la sieste. Et quand on a un bullshit job… il vaut mieux savoir faire des claquettes. Petit rappel : la proposition deux du Confinement Challenge que je vous partageais hier consistait à “supprimer tous ses vieux emails”. Je vais y travailler, et dans le cadre pro aussi, s’il vous plaît !

This war of mine (écran titre du jeu vidéo éponyme)

On n’en est pas aux situations délétères présentées dans le jeu vidéo auquel je fais référence dans le titre… mais bon.

Mardi à 14:00, la guerre commence donc. Confinement généralisé, restez chez vous, on vous dit depuis une semaine (pas clairement, cela dit : après l’inconséquence des débuts, je suis persuadé que cette lente escalade dans la contrainte est une manière graduelle volontaire). Les contrôles vont se durcir pour la circulation des personnes et faudra pas trop trop traîner dans la rue. A quel point ? J’ai pas envie d’essayer, voyez. Amis urbains, racontez-nous, à nous autres de la campagne.

Petite pensée à tous ces gens dont la seule interaction sociale est de sortir pour aller au boulot. Courage.

Petite pensée à tous ces couples qui vont se rendre compte qu’ils ne sont pas fait pour vivre ensemble. Ça va s’arranger.

Grande crainte pour ces femmes qui vont se retrouver avec des conjoints qu’elles auraient préféré peut-être voir partir bosser (rappel : 149 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. Ça donne quoi si on empêche les déplacements ?).

Interrogation guère plus sereine pour les SDF, les prisons, les centres de rétention administrative…

Je suis bien content que mon questionnement personnel du moment soit : “avec quoi marier la culture des poireaux et des carottes ?”, voyez-vous…

Un dernier lien pour la route : Christian Lehmann, médecin, écrivain, tient lui aussi un journal d’épidémie, mais comme il a pas le temps de maintenir un blog, il le fait sur Libé (je ne vois pas d’autre explication). Connaissant le bonhomme un peu, ça devrait être plus qu’intéressant (mais pas forcément youpi tralala, vous étonnez pas…).

Fun fact : j'ai cherché "bunker" sur Pixabay. Bien trop de photos de golf sont remontées.

La lumière au bout du tunnel ? Pas pour tout de suite…

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