Chroniques du confinement – J7 – Silent Hill

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Une semaine, et ça continue, encore et encore…

Nous avons de notre côté quelques soucis à appliquer le confinement : vaccin, otite, dent pétée… quand ça veut pas. Par chance, nous avons un bon maillage de soignants – et un bon réseau qui nous dégote des bons plans, j’en parlais hier.

Les rues ne semblent pas désertes mais un constat s’impose : s’il faut sortir pour faire des courses, autant qu’elles soient massives. Non pas que cela s’impose – étant dans un coin où la neige peut nous bloquer plusieurs jours, nous avons prévu des réserves – mais il peut y avoir envie d’un peu de fruits et légumes – nous sommes encore un peu court là-dessus. Et bien si on veut acheter quelques denrées, il faudra faire la queue : à l’entrée, et à la caisse. Car tout le monde remplit de manière folle ses caddies. Donc, tant qu’à y aller, on est tenté de rentabiliser son temps… et donc de prendre beaucoup… ce qui contribue à ce que tout le monde prenne beaucoup… Cercle vicieux.

Sur la toile, les journaux de confinement se multiplient. Il y a les franchement parodiques, comme celui de cette copine qui raconte les aventures de l’abricotier en face de chez elle, ou celui de Pierre-Emmanuel Barré (qui joue les beaufs à merveille, c’en est inquiétant). Et il y a les franchement indécents, comme expliqué dans cet article de Brain (vous pouvez préférer l’édito de Polony, mais elle le dit de façon si ampoulée que finalement, elle en rejoint presque ce qu’elle dénonce). Le problème de ces journaux n’est pas de montrer des privilèges – j’ai dit les jours précédents à quel point nous ressentions la chance que nous avions d’être confinés là où nous sommes. Le problème des auteurs de ces journaux est de n’avoir aucune conscience d’avoir des privilèges. Et surtout, ils ne disent rien sur ce qu’il se passe. C’est de l’autonarration, nombriliste, sans aucune mise en perspective. Je ne prétends pas me livrer ici à un travail de fond, une analyse imparable et complète du monde, mais j’essaye de passer en revue les différents éléments cruciaux : la tension sur les marchés boursiers (elle a repassé les 4000 points, youpi), celle dans les tuyaux internet (Netflix coupe la 4K qui sert à rien pour désengorger l’europe numérique), la situation des gens obligés d’aller bosser… Je ne remplace pas une équipe de journalistes, mais j’essaye de voir plus loin que mon carré de patates.

D’ailleurs en vous parlant de ça, je n’ai pas choisi un titre de jeu vidéo d’horreur par hasard. En effet, durant la crise du coronavirus, il semblerait qu’on puisse s’asseoir sur pas mal d’acquis sociaux. Et comme on ne sait pas quand elle se termine, ben, on risque d’être assis longtemps… Je vous invite à jeter un coup d’œil par là (sachant qu’entre la publication de l’article en lien, et la rédaction de cet article, la loi a été effectivement votée). On est mal.

La trouille, elle est aussi locale et immédiate, quand il faut se rendre dans une grande ville qu’on suppose désertée, se garer dans un parking souterrain et qu’on est une femme (finalement, le praticien à deux pas a répondu et ces craintes n’auront pas été confrontées à la réalité).

La colère, elle s’affiche contre ces multinationales qui font faire n’importe quoi à leurs salariés curieusement inconfinables pour pouvoir livrer tout et n’importe quoi, et peut-être plus encore contre ceux qui les défendent en mode “non mais on a qu’un son de cloche, d’un délégué syndical en plus”. Parce que c’est connu que les puissants n’ont pas d’avis biaisé, jamais (coucou Gérard, toi qui dis que la meilleure prime à donner aux soignants, c’est de respecter les consignes d’hygiène. Sombre imbécile hypocrite.)

La colère, c’est aussi celle qui s’égare, comme disait Senghor à propos des racistes. Aujourd’hui beaucoup se trompent de colère : oui, les “briseurs de confinement” sont certainement en tort, mais moins, beaucoup moins que ceux qui ont coupé les finances des hôpitaux publics ou tardé à prendre en considération ce qui se passait à nos frontières. Ne nous trompons pas de colère, et comptons les mauvais points à la hauteur des responsabilités des postes de chacun – le passant dans la rue en a peu, finalement.

L’espoir, ce sont des petits messages de soutien aux soignants, aux malades, aux isolés, que les réseaux permettent. Si vous en avez parmi vos contacts, pensez à eux. J’en ai encore plein à joindre de mon côté.

Envoyez de l'amour en ces temps troublés

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