Chroniques du confinement – J9 – The escapists

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Que fait-on par ce beau dimanche ? Ben, comme d’hab : on reste chez soi.

Sur les réseaux commerciaux, que j’ai beaucoup moins fréquenté, tournent de nombreuses blagues qui me frappent (sans mauvais jeu de mots, quoique). Leur thème : “je vais craquer avec mes gosses”. Alors, oui, je conçois bien la difficulté d’être enfermé avec un ou des enfants interdits de sortie et donc survoltés de ne pouvoir se dépenser, oui. Mais le systématisme de ces blagues (la dernière en date suggérait qu’au bout d’une semaine de confinement on distingue l’homme de l’artiste pour Dupont de Ligonnès), me choque. Vous ne vous ne connaissiez pas, avant, les gens ou comment ça se passe ?

Sur les réseaux, en mode plus sérieux, ça s’écharpe, notamment autour du professeur Raoult. Je me garderai bien de trancher sur ce qu’il est, sur ses travaux, ses annonces, les conséquences des deux… Pourquoi ? Parce que quoi qu’il advienne, je n’ai pas vraiment de prise sur ces événements. Je garde l’espoir prudent d’un remède. Des milliers de chercheurs s’acharnent et je ne peux pas les aider, à part en évitant d’augmenter le nombre de contaminés. Qui lui aussi ne devrait pas tarder à faire polémique, à l’heure où on compte le premier médecin victime du coronavirus – alors que ça fait plusieurs fois que je vois passer des morts d’infirmiers… Polémique sur le nombre de victimes donc, puisqu’au détour d’un article de presse (dans Le Monde, je crois, sans que j’arrive à le retrouver), les victimes recensées n’étaient que celles en hôpitaux : n’étaient pas comptées celles des EHPAD ou celles à domicile. Ça promet.

J’arrive à un moment où j’essaye de faire la part des choses, entre ce que je contrôle, et ce qui se passe autour de moi sans que j’y puisse quelque chose dans l’immédiat. Un peu comme ces infographies inspirantes, tout à fait.

Je peux contrôler / je ne peux pas contrôler

Cela peut vous paraître naïf ou évident, mais pour le coup, suite à la colère auto-dirigée d’hier, avoir décidé de consacrer mon énergie à des choses concrètes est libérateur. Et surtout, de le faire. Je tâche de m’appliquer une discipline comme décrite ici. Pas juste pour bien vivre mon confinement ou “me recentrer lors de cette expérience”. C’est une crise sanitaire majeure, qui révèle que la sixième puissance mondiale n’a pas la capacité de gérer sereinement vingt mille personnes gravement malades en même temps. Pas une “expérience”. Je ne veux pas effectuer une retraite monacale, ou alors Shaolin. Pour me préparer à la suite.

Comme le dit l’infographie, je n’ai pas de pouvoir sur ce que les gens disent ou décident ou les injustices. Parce que je ne me suis pas mis en position d’en avoir. Je me méfie beaucoup du contenu social de la loi d’urgence sanitaire – où semblent avoir réapparus des notions temporelles qui cadreraient son application. Mais concrètement, à part me tenir informé, je ne peux pas influer ce texte.

Alors si j’ignore, encore une fois, de quoi sera faite la suite de cette crise, je pars du principe qu’elle sera d’une incroyable violence sociale et économique – et avec de la chance, cela n’ira pas plus loin que ce déjà terrible constat. Il y a fort à parier que dans la semaine qui démarre ce lundi 23 mars, soit annoncée une prolongation du confinement – et je table sur six semaines en tout, simplement parce qu’il semble inenvisageable d’interrompre le confinement quelque part avant ou pendant le mois de congés scolaires sur les trois zones françaises. J’aimerais sortir de ces six semaines avec de meilleures habitudes et une plus grande préparation, une plus grande implication dans le monde qui m’entoure – et pas juste avec une série de jeux de plateau auxquels je n’avais pas joué et que j’aurais enfin déballés… (même si ça n’interdit pas).

J’ignore encore quelle forme là aussi ces “meilleures habitudes”, cette “meilleure préparation” prendront. A ma tout petite échelle, j’essaye de cocher toujours plus de cases pour une meilleure autonomie alimentaire, un meilleur réseau local (et je ne parle pas de la 5G ou de la fibre), bref, plus de résilience. Apprendre à tailler mes oliviers, faire mon levain, augmenter les échanges avec les voisins. Pour le moment, tout cela parait dérisoire, mais il faut bien commencer quelque part, non (et puis, tous les chênes ont commencé par être des glands, alors…). Je constate d’ailleurs que parmi mes proches de la toile, ces réflexions gagnent du terrain (ou alors n’est-ce qu’un biais comme en produisent les algorithmes ?)

Demeurent beaucoup d’inconnues. Je m’en vais les explorer. Qui vient ?

Someone is wrong on the internet !

Un cartoon signé XKCD.

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1 Commentaire

  1. JM

    J’aime le “je peux, je ne peux pas” … un commentaire à propos de la loi d’urgence sanitaire. En zappant, je me suis retrouvée sur la LCP qui retransmettait les débats en direct. Gradins très vides puisque 3 députés par groupe. Conséquence, pas de chahut, beaucoup de sérieux. Des interventions brèves ; des questions utiles, non polémiques. Interventions courtes, non théâtrales ; aller à l’essentiel. Sauf peut-être le PC ; sa représentante a refait l’histoire. Pour le reste, c’était d’une bonne tenue et les questions, de tous bords, étaient fondées.

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