… tandis que la dictature, c’est Ferme ta gueule, c’est bien connu.
J’en parlais hier avec un collègue : la démocratie telle que nous la vivons n’a rien d’un gouvernement idéal.
Nous sommes plutôt dans des oligarchies ce qui en soit, n’a rien de rassurant.
Mais mon argument de départ était le suivant, repris de Desproges et d’Aristote : Toute démocratie est une tyrannie de la majorité sur la minorité. Par extension vulgarisatrice, voire vulgaire, une tyrannie du Bigdil sur Fellini (ce à quoi un autre collègue nous demandait : “C’est quoi Fellini ?”).
La démocratie prend en compte tout le monde, en suivant l’ordre des priorités numériques : Bigdil en prime time, et Fellini à partir de 23h30, ou en VO sur Arte. Je soutenais de manière très radicale qu’un gouvernement qui œuvrerait pour le bien culturel de la majorité imposerait Fellini en prime time. Ce en quoi, on ne serait pas loin d’une tyrannie, d’un totalitarisme pour être précis. Et là mon collègue m’a un peu coupé les pattes – bonheur de l’échange.
L’URSS des grands jours ne voulait pas faire autre chose finalement : imposer une vue – très politique – dans toutes les émanations culturelles. L’hypocrisie de notre société, c’est de dire : “vous avez le choix” et de ne finalement n’en laisser aucun : Coca ou Sprite ? Bigdil ou Sébastien ? Et là où il voulait en venir, c’est que pour la majorité, le choix ne se fait pas en connaissance de cause. On n’a jamais expliqué au spectateur moyen pourquoi 2001, l’odyssée de l’espace, c’était génial – surtout le début – , on lui a dit, et il l’a cru. Un gouvernement idéal (utopique) proposerait de tout, en expliquant les qualités de toutes les propositions.
Ce qui s’apparente à de l’éducation. On y revient, encore et toujours.