J’ai survolé – sans jeux de mots – un article du Nouvel Obs ce we, où on expliquait que la Roumanie faisait face à un défi d’emplois dses plus ahurissants.
La main d’œuvre y est peu chère. Ce qui veut dire que les employés qualifiés sont peu payés – par rapport au même niveau de qualification qu’ici en France. Du coup, des enseignants roumains partent à l’étranger (en France, au Canada, en Espagne) faire la cueillette des fraises ou vendre des pizzas… et gagnent ainsi 3 à 4 fois plus qu’en exerçant leur métier d’enseignants.
Vous imaginez aisément ce que font les employés non-qualifiés roumains (genre bâtiment et agriculture) : ils viennent dans l’Europe de l’Ouest, gagnent une misère ici qui leur permet d’être les rois du pétrole dans leur pays. On voit ainsi jaillir des maisons flambantes neuves… mais vides de tout occupant.
Du coup, gros déficit de main d’œuvre en Roumanie. Mais la main d’œuvre y est toujours aussi peu chère. Du coup, un patron d’entreprise textile, submergé de commandes italiennes, est obligé d’importer sa main d’œuvre : son usine compte aujourd’hui 200 petites mains… chinoises, pour lesquelles on est en train de construire un Chinatown roumain. Ces logements sont construits par des employés du bâtiment… moldaves, pour qui la Roumanie représente déjà l’Ouest riche (et oui la Roumanie c’est l’Europe).
Cette logique de l’absurde culmine avec un dentiste moldave, qui a obtenu la citoyenneté roumaine, et qui fait des prothèses dentaires pour des italiens et des allemands au dixième du prix que ceux-ci pairaient dans leurs pays d’origines…
D’un côté, je me dis que ce brassage de peuples ne peut aboutir qu’à une meilleure connaissance de l’autre. Et puis je deviens réaliste, me souviens de ce qu’il se passe depuis 100 ans en France : les Polonais, Algériens, Portugais, ont tous été sollicités pour venir travailler en France, occuper les emplois dont les Français ne voulaient pas. Ça ne les a pas empêchés de se faire traiter de sales Polaks, de Melons et de Portos…
Et après on viendra me parler des progrès engendrés par l’économie de marché, le libéralisme et tout ça. Faudrait peut-être commencer par rationnaliser, quitte à accepter que nous autres gens de l’Ouest subissions une déflation générale et raisonnée, étant donné que hisser tous les pays du monde à notre niveau de consommation est impossible, et quand bien même, complétement stupide et dangereux pour la planète.
Utopie, quand tu nous tiens.