Ce mois de lecture a un peu mal commencé, avec quelques récits pas mirobolants et autres incompatibilités qui semblent définitives…
On commence par un petit tour au rayon BD avec un ouvrage qui m’est arrivé par la voie professionnelle, un peu en tant que comité de lecture, si vous voulez. Base Neptune est un récit écolo science-fictionnant avec une vague reprise de la guerre éternelle entre Grecs et Troyens (ou n’importe quelles autres factions éternellement opposées). Un trait à la serpe à la limite du crayonné brouillon, une intrigue un peu simple dont les enjeux sont évacués d’un coup de grenade… bif bof…
Après avoir abandonné au bout de cent pages de American Psycho, je me suis attaqué à un nouveau Bret Easton Ellis, Lunar Park. Las, je n’ai pas réussi à dépasser les trente pages… Dix pour cent de l’ouvrage total. C’est bien écrit, j’en conviens, sans pour autant avoir envie de lire la déchéance d’une certaine pseudo-élite WASP. La décadence des nouveaux riches n’a rien de nouveau, seule sa médiatisation pourrait vaguement s’apparenter à un signe des temps. Comme cette “innovation” ne me tente absolument pas, ce gros bouquin rejoint mes oubliettes.
J’ai donc enchainé avec Epées et mort, le tome 2 des aventures de Fafhrd et du Souricier Gris, écrites par Fritz Leiber. Je persiste à être déçu par cette série tant vantée par les amateurs de Fantasy. Le style n’est pas transcendant (la faute à la traduction ?), les personnages pour ainsi dire inexistants (paradoxal pour un ensemble qui repose tant sur ses héros), seules demeurent les histoires. Et là autant dire que c’est une succession de situations, sur le mode “nos héros contre le monstre”, une nouvelle, un adversaire. Ce type de récit(s) captive sans doute le lecteur quand il découvre chaque épisode dans une publication mensuelle ou hebdomadaire. Lus à la suite, ils deviennent indigestes. Ajoutons à cela que l’ensemble a terriblement vieilli par le manque d’originalité des nouvelles, que j’apparente à une mine d’idées pour un scénariste, et encore. L’enchaînement des tableaux sans unité ou plus grand ensemble comme perspective fait un peu tomber le tout à plat. Dommage.
Lecture beaucoup plus enthousiasmante que celle des deux premiers tomes de la série du Juge Bao. Ecrits par Patrick Marty et mis en images par Chongrui Nie, cette série de BD narre les enquêtes d’un juge de l’époque médiévale chinoise, réputé pour sa justice et son équité. Envoyé par l’Empereur dans les confins de l’Empire pour faire régner l’ordre et lutter contre la corruption, le Juge Bao est resté jusqu’à aujourd’hui une figure emblématique de la culture chinoise, de par sa rectitude, son honnêteté et son respect du peuple – souvent au détriment des puissants qu’il savait tout aussi bien châtier que les voleurs de poules.
Le dessin est formidable de réalisme (même si, petit reproche, je soupçonne le dessinateur de transformer des photos en dessin pour certaines vignettes). Il faut se laisser le temps de rentrer dans l’histoire et d’apprivoiser les personnages, dont les noms nous sont évidemment hermétiques (difficile de s’y retrouver si on va trop vite entre Li, Lang, et Long). Le lecteur qui saura se donner le temps de pénétrer dans ces récits se retrouvera rapidement embarqué dans une intrigue de qualité qui reste très actuelle. Un vrai régal, et pour une bouchée de pain (7,5 € le tome !), à recommander à tout amateur de polar et/ou de BD !
J’entame par ailleurs Un amour de Swann de Marcel Proust, sur les chaudes recommandations de ma chère et tendre… To be continued, comme on dit 😉