Goodreads, c’est un site américain où tout un chacun recense ses lectures coups de cœur ou coup de gueule, indique ce qu’il voudrait lire et partage cette bibliothèque virtuelle à ses amis.
Bref, c’est un réseau social axé autour de la lecture et de la chose littéraire. Le site est bien fait, assez ergonomique et propose assez de fonctionnalités pour attirer le chaland : suggestions de lecture basées sur ce que vous avez lu, sur ce que vos amis ont lu, connexion avec Facebook, bien sûr, et quelques défis de bon aloi, comme “combien de livres lirez-vous cette année ?”, qui incitent les utilisateurs à lire et à signaler chaque ouvrage fini sur la plateforme.
C’est ludique, assez culturel – même si certaines suggestions de lecture font frémir avec l’avènement de Twilight, Fifty Shades et autre chick-lit plus ou moins sulfureuses… mais assez mauvaises d’un point de vue littéraire.
J’avais un compte sur cette plateforme.
J’avais.
J’y avais renseigné les bouquins que j’avais lu, que je souhaitais lire, bref, tout le toutim évoqué ci-avant. Et puis la nouvelle est tombée. Goodreads était racheté par Amazon.
Je vous invite à lire l’article mis en lien. Il explique ce qu’on pouvait faire avec Goodreads, en oubliant de donner quelques éléments supplémentaires :
- on peut renseigner sa progression dans un livre (en pourcentage… ce qui est vite fait quand toutes les liseuses vous signalent où vous en êtes de votre lecture avec un pourcentage)
- quand on signale avoir fini un livre, on date sa fin de lecture…
Associées avec les titres – et tout le cortège de métadonnées associées -, les notes qualitatives que vous leur avez attribuées, les commentaires que vous avez rédigés, et vos souhaits de lecture, ces données temporelles vous permettent de compiler un moteur de recommandations calibré au pouyem près : Goodreads, et bientôt Amazon, donc, vous proposera l’ouvrage le plus adapté à votre goût, pas seulement en terme de genre, mais de longueur, si vous préférez les séries ou non, les traductions ou les textes dans la langue originale, etc, etc…
Je dis peu ou prou les mêmes choses sur ce blog – quand je le mets à jour, persifleront les mauvaises langues. Certes. Mais pas sous forme de données structurées. Rien qui rentre dans un tableau excel, pour éviter le jargon technique. Rien qui ne puisse être simplement monétisé.
Quand je vois à quelle vitesse nos communications sont espionnées et la progression des algorithmes d’analyse de vos données et comportement, quand je sais qu’Amazon peut d’ores et déjà prétendre au titre de “libraire qui me connait le mieux”… et bien je me dis que si je peux ne pas rentrer dans ce système de monétisation du moindre de mes actes, je ne m’en porte que mieux. Du moins, pas pire. J’ai plein de livres sur mes étagères, des amis bien réels qui ne tariront pas de listes de bouquins à me fournir et avec lesquelles j’aurai plaisir à ne pas être d’accord autour d’un verre ou d’une raclette.
Et vous, qu’en pensez-vous ?