On est bien ici. Ca mériterait un peu de musique. Ok, on écoute quoi ? Tu mettrais pas la radio ? Laquelle ? Je sais pas, cherche…
… Ainsi découvre-t-on les radios locales, petites pépites FM qui semblent toujours appartenir à un espace hors du temps.
Les présentateurs n’ont pas le même débit tout fait de leurs collègues des radios nationales et c’est déjà un dépaysement en soi. La programmation ressemble à un mélange plus aléatoire encore que celle des stations qui ont érigé l’éclectisme en marque de fabrique.
Ici les tubes internationaux des années 80 côtoient les nouveautés les plus récentes. Rien de bon marché, que du populaire, au sens le plus noble du terme. On patiente jusqu’au prochain standard et on se surprend à apprécier ce nouveau titre d’une chanteuse qu’on pensait disparue – cette québécoise a juste refermé sa parenthèse française et cessé d’accompagner des naufrages sur grand écran pour se consacrer à sa carrière outre-atlantique.
Et si l’artiste nous est inconnu, on se dit qu’on interrogera plus tard l’application magique… Plus tard… le temps qu’on se décide à lui soumettre quelques mesures, un jingle improbable remplace la mélodie. Trop tard… et puis à quoi bon voir la photo, ou plus bizarre encore, une micro-vidéo d’un groupe, d’une chanteuse, d’un guitariste dont on ne ferait sans doute rien…
Une publicité nous rappelle qu’on est ici ailleurs : comme au cinéma du coin, une voix au rythme moins assuré que sur les grandes chaînes nous présente le magasin de déco d’intérieur, la boucherie de gros, le restaurant gastronomique du coin – ou même l’équivalent radiophonique des affiches “emplacement à louer”, nous soulignant que la radio reste le media préféré des Français.
On se surprend à sourire à ces productions moins léchées, à l’artisanat un peu bricolé, alors qu’on ne supporte plus les campagnes des enseignes cotées en bourse, toutes diffusées au même créneau horaire quelle que soit la fréquence choisie.
Et d’un coup quelques notes s’égrènent, un accord résonne et on retrouve au fond de sa mémoire un tube qu’on ignorait même avoir oublié. Les souvenirs de précédentes vacances, de premiers boulots, de lycées, se bousculent. On ne fredonne plus, on chante franchement, car oui, on connaît encore les paroles par cœur. On rigole de cette connaissance improbable quand on peine à retenir aujourd’hui “les sujets importants”. Rien ne vaut une bonne mélodie – et quelques dizaines de répétitions – pour se souvenir. On se demande ce que sont devenus les cassettes qu’on enregistrait par douzaines… D’ailleurs ici, il y a encore un lecteur de cassettes – mais rien pour le mp3.
On part en balade à quelques kilomètres du camp de base qu’on s’est fixé et déjà on ne capte plus – radio locale, vraiment. Bien sûr, l’endroit est vallonné mais tout de même, on s’attendait à un peu plus… On ignore les grésillements parasites encore un peu et soudain on est récompensé : un nouveau souvenir reparait, clair comme s’il passait sur la platine du salon.
Petit pincement au cœur quand on songe que quand il faudra repartir, on laissera derrière soit la radio des vacances. Ne pas y songer, profiter d’ici, maintenant, un peu d’insouciance sur quelques notes hors du temps.
À une époque la radio des vacances, pour nous, c’était RMC… Après le péage, sur l’autoroute du sud, on ne captait plus Europe 1 et en tournant juste un peu le bouton, on “attrapait” RMC.
Plus tard, ce fut la radio locale, toujours la même RLT (un clin d’œil à l’autre) … tout comme dans ce billet ! Souvenirs de bons moments… Un peu de nostalgie aussi.