Le cycle de Melniboné forme en quatre tomes le premier volet de l’adaptation en BD d’un héros emblématique de la fantasy : Elric (de Melniboné).

Elric fait partie de mes premières lectures très marquantes. Comme beaucoup, j’avais précédemment lu le Seigneur des Anneaux, et j’en voulais davantage. Nous étions au début des années 90 et Pocket éditait tous les grands titres de la SFFF, avec de mythiques couvertures de Siodmak. Mes parents se réjouissaient de m’offrir des coffrets dont je découvrais après coup, au gré des sorties, qu’ils étaient incomplets (et après on s’étonne que j’ai des traumas)…
Que se passe-t-il quand un grand ado maigrelet pas très sociable découvre les aventures d’un grand bonhomme tout malade incompris avec une grande épée qui… Bon, j’arrête là. Elric, cet anti-Conan comme le définit son auteur, cet Empereur d’un empire décadent qui devient vagabond par amour, évidemment que nous nous identifions tous à lui. Et puis c’était tragique – aujourd’hui, on dirait même daaaaark. Oui avec cinq a, parce que vraiment, c’trop horrible.
Moqueur, moi ? Un peu. Bien sûr c’est un peu facile de se moquer de ce anti-héros. Sa force et son côté novateur ont marqué une époque. Aujourd’hui, beaucoup s’en sont inspirés avec plus ou moins de bonheur. Mais cela reste une œuvre marquante dans mon parcours de l’imaginaire. Une œuvre qui pourtant, a vieilli. Déjà l’écriture de Moorcock, ou du moins ses traductions chez Pocket, n’affiche pas une qualité littéraire extraordinaire. Et puis… la figure a vieilli. Pourtant j’ai sauté sur ces BD à leur sortie. Je viens de lire le tome 4, qui clot le premier cycle. Bon. Ben sans surprise, j’ai été déçu.
Le trait est magnifique, les planches sont de toute beauté et retranscrivent l’âpreté misérable des Jeunes Royaumes et la décadence macabre de Melniboné. Rien à redire là-dessus. Mais le scénario… ne me convainc pas. Déjà parce que c’est une histoire connue – même pour celleux qui n’ont pas lu les romans. Elric est maudit, sa destinée est toute tracée, il trace un sillon de sang et de mort. C’est l’ADN du personnage.
Là où la BD fait un pas de côté par rapport au récit original, elle se saborde elle-même. La fin du tome 3 nous laisse face à une grande surprise, pour nous lecteurs. Mais quand elle arrive pour le personnage principal dans le tome 4, ben… on est déjà au courant. Donc oui, Elric est surpris. Mais pas nous. Et puis à quoi sert ce décalage, puisque l’issue est sensiblement la même ? En moins dramatique d’ailleurs…
Bref, le trip “emo” plus le récit que je connaissais déjà (et dont les thématiques ne me séduisent plus comme avant) m’ont fait passer à côté de ce qui reste un très bel objet graphique. Pas de bol, ce que je préfère, ce sont les histoires. Je relirai les romans, à l’occasion. Et sans doute en VO.