Deux arts distincts, au service l’un de l’autre : le premier, chronologiquement, pour exprimer les mystères que le deuxième – et non le second – tentait de percer, de décrire, d’expliquer, de cadencer. Le troisième allait survenir – mais pas encore, pas encore. La progression allait-elle être logique ? Bien naïf qui croirait cela. Ou alors tout au contraire : elle répondrait à sa logique seule, choisie arbitrairement, sur un caprice, un dernier espace de liberté. Quoi de plus légitime que de suivre son envie si autrui n’en souffre pas.
Il était une fois un architecte qui avait construit un labyrinthe. Les explorateurs, les héros en devenirs et les savants du monde entier accoururent pour contempler le monument, en arpenter ses allées, en découvrir ses salles dissimulées. Certains progressaient plus que d’autres, quelques uns partageaient leurs découvertes avec leurs confrères, ou au contraire les gardaient jalousement des yeux avides de leurs concurrents. Au final, ils pénétraient jour après jour plus avant dans les méandres de pierre. Et une question demeurait : quel secret gardait l’édifice ? Les gens ne comprenaient pas, retournaient le problème en tout sens, traçaient des plans, échafaudaient des théories et les partisans d’une explication se disputaient avec les défenseurs de telle autre.
Un visiteur, plus sot ou au contraire plus raisonnable que ses compagnons d’infortune, alla trouver l’architecte, reclus dans sa demeure non loin de là et lui soumit l’interrogation de la foule : pourquoi tout cela ?
L’architecte répondit… qu’il n’avait pas à répondre. Que cela ne concernait que lui.
L’étranger s’emporta, car enfin, si le bâtisseur avait construit tout ceci, c’est qu’il avait bien une raison, une idée derrière la tête.
“Le monde regorge de lieux et d’endroits et vous autres ne pouvez vous empêcher d’en fouler le sol pour pouvoir vous vanter : “j’y étais !” Pour autant, la terre avait-elle un dessein précis en érigeant cette montagne ? La mer souhaitait-elle dissimuler un trésor dans ses abysses ? Demandez-vous aux oiseaux pourquoi ils volent ? Je construis un labyrinthe. Demandez-vous pourquoi vous souhaitez l’explorer.”