Mémoire

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Non, je ne parlerai pas du petit Nicolas… Mais (encore) d’une arnaque consumériste de grande envergure, et d’une tendance plus générale.

On nous a vendu le CD à sa sortie comme inaltérable, d’une durée de vie de plusieurs décennies et de meilleure qualité que le vinyle.

Je ne reviendrai pas sur l’aspect sonore, on en a déjà discuté dans ces colonnes.

Mais outre que le CD peut comme le vinyle subir des rayures – dans une moindre mesure, certes, mais toute de même -, de récentes études et expériences en grandeur nature, menées notamment par l’INA, prouvent que les CD-R (que vous mettez dans votre graveur pour les moins techniques d’entre vous), ont une espérance de vie de moins de 10 ans. Et encore, je suis large (ça me permet d’englober les études les optimistes).

Curieusement cette étude sort au moment où on nous dit que le CD n’a pas les moyens de lutter contre la musique téléchargée. Ce qui me fait doucement vomir. Il faudrait que je demande à un ami amoureux de son s’il a finalisé son étude comparative et vulgarisatrice entre le MP3 et le format Wav ou Aiff qui couvre nos galettes. Parce qu’il faut bien avoir conscience que d’un point de vue qualitatif, le MP3, c’est de la m* en barres. Certains othorino et chercheurs acousticiens commencent même à pointer du doigt les dommages créés par l’écoute au walkman de MP3. Le fort volume, associé à l’absence de relief des ondes sonores1, fait que l’oreille n’a aucun répit. Les lésions sont donc encore plus rapidement provoquées qu’avec nos bons vieux balladeurs à K7 ou à CD.

Transition toute trouvée vers une tendance à la mémoire sans à-propos.

Je me souviens de quelques jours d’été passés à Nice, où on peut visiter un musée de la chaussure. Il y a évidemment de vraies pièces historiques, mais surtout beaucoup de machins du siècle en cours. Dont certaines godasses que je n’aurai même pas regardées autrement que pour m’en moquer en boutique.

Cette conservation révérencieuse me paraît néfaste. Certes, nous manquons de recul pour savoir quoi conserver, mais est-ce une raison suffisante pour tout conserver ? La question est délicate cependant : mon arrière-grand-mère avait refourgué un superbe vaisselier à sa fille pour refaire toute sa cuisine en formica. Ma grand-mère s’était plainte à l’époque de toujours récupérer les vieilleries. 80 ans après, la cuisine en formica s’est perdue et détruite, tandis que le vaisselier est actuellement dans ma salle à manger. Même si ce n’est pas un “grand” meuble, il vieillira toujours mieux que du plastique laqué.

Le problème vient sans doute – ô découverte – qu’on cherche à nous vendre tout et n’importe quoi, et tant pis si c’est cher et de mauvaise qualité. Faire la part des choses reste délicat, la seule ligne de conduite devant sans doute reste l’adage populaire : “Je n’ai pas les moyens d’acheter pas cher”.

Sur ces sujets, on écoutera avec intérêt “Du grain à moudre” (France Culture) de Vendredi dernier sur le thème “les tendances qui nous feront rire dans 10 ans” et “Service Public” (France Inter) de lundi dernier sur le thème “Le cycle de vie des objets”.

1 : en gros, pour réduire le poids d’un fichier sonore et en faire un mp3, la compression consiste à écrêter les ondes en supprimant ce qui est théoriquement inaudible, voire en rognant un peu sur l’audible, d’où l’aspect un peu métallique de certains fichiers trop et/ou mal compressés.

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