Tout a commencé de manière assez anodine dans une phrase de statut FaceBook. Une amie encourageait à lire une page web. Curieux, je suis allé découvrir cette histoire d’un journaliste qui a pris un nom au hasard, et a épluché le web, comme n’importe qui pourrait le faire, à la recherche de tout ce qui concernait cette personne.
Le résultat est assez édifiant, et en a ému plus d’un… pour les mauvaises raisons. Nombreux sont ceux en effet qui ont voué aux gémonies le journaliste, en oubliant un peu trop vite qu’il n’avait fait que lire ce qui était offert à la vue de tous sur la place publique d’internet.
Si effectivement, l’exercice n’a rien d’élégant, il est marquant. Je me propose de présenter ici quelques conseils pour vous éviter des déconvenues malheureuses lors d’entretiens d’embauche par exemple.
Car oui, il faut le savoir, aujourd’hui quand une entreprise lance un recrutement, les personnes en charge de débusquer le nouveau collaborateur vont passer tous les noms des candidatures qu’ils reçoivent dans Google. Certains, encore plus avertis, laissent faire le boulot par 123people. Demain il y en aura peut-être un autre, mais ils exploiteront toujours la même chose : ce que vous avez mis à leur disposition.
Lisez cet article de Télérama sur ces personnes qui ont vu leur e-reputation ternie. Puis faites le test, en cherchant votre prénom et votre nom entre guillemets (tapez : «”prénom nom”», et pas juste «prénom nom») et découvrez ce que Google sait de vous. Je ne doute pas un instant que vous reviendrez illico sur cette page pour savoir comment effacer tout sinon une bonne partie des résultats renvoyés.
On ignorera ici l’abstinence de web. Il existe aujourd’hui des outils formidables dont il serait dommage de se priver. Voyons voir comment.
Google en saura le moins possible sur moi
Vous ne pouvez pas contrôler la firme de Moutain view, mais vous pouvez contrôler ce qu’elle sait sur vous. Sans partir dans l’abstinence de tout comme semble le conseiller Eric Schmidt, vous pouvez surveiller vos publications (nous verrons comment juste après) et mais également surveiller ce que Google collecte sur vous. J’ai découvert récemment que Google proposait un petit programme additionnel à ajouter à votre navigateur, qui désactive purement et simplement leur système de collecte d’informations sur votre navigation. Ces informations collectées permettent d’affiner les publicités qui vous sont présentées, en fonction de votre navigation sur Internet. Pour faire simple, Google enregistre les sites où vous allez pour vous suggérer d’autres endroits (payants…) où aller. Personnellement, j’estime être suffisamment grand pour ne pas laisser la pub dicter mes choix. Et en plus j’utilise Firefox et son plugin AdBlock qui masque très bien les publicités sur le web.
N’oubliez pas, pour rappel, que TOUT le contenu des mails que vous échangez avec la plateforme de courrier Gmail est scanné et analysé par Google pour vous offrir des publicités “pertinentes”.
Je ne suis pas Bihbih45
La mesure la plus simple pour ne pas clamer haut et fort son amour du scrapbooking, des rendez-vous coquins ou de concours d’agility pour chiens de traîneaux, c’est encore d’utiliser un pseudonyme. Un recruteur cherche «Robert Mirpin», pas votre pseudonyme «Bihbih45», un autre vous-même qui sera paradoxalement plus près de ce que vous êtes. Attention toutefois, si le CV de Robert Mirpin comporte une adresse email de la forme “Bihbih45@hotmail.fr”, il y a de fortes chances qu’il arrive à recouper l’information.
Aparté : vous allez me demander pourquoi il le ferait. Je vous retourne la question : pourquoi ne le ferait-il pas (hélas) ? Selon le poste que vous souhaitez occuper, tel ou tel loisir, opinion politique ou religieuse peuvent s’avérer incompatibles. C’est de la discrimination, c’est illégal, mais ça existe et mieux vaut donc s’en prémunir
Il sera toujours plus simple d’expliquer de vive voix après trois mois dans une entreprise que vous aimez jouer aux wargames pour aiguiser votre sens stratégique, passer un bon moment entre amis et vous adonner au modélisme, que de laisser un potentiel employeur s’alarmer de votre passion pour des gugusses représentant des démons aux noms bizarres. Passion qu’il aura découverte sur un site de 1998 fait sous Netscape Composer avec des gif animés horribles.
Attention toutefois : l’utilisation d’un pseudonyme nécessitera la surveillance sur les moteurs de recherche des résultats remontés par votre nom réel, par votre pseudonyme, et par l’association des deux (tapez «”prénom nom” +pseudo »). Une recherche sur votre email, pris là encore entre guillemets, peut s’avérer utile.
Visible seulement par mes amis
Nous sommes de plus en plus nombreux aujourd’hui à utiliser Facebook, Copains d’avant ou Viadeo pour entretenir notre réseau, amical ou professionnel. Pour votre information, sachez qu’un lien sur Facebook est maintenant référencé de manière instantanée par Google une fois publié sur une page publique (accessible sans login ni mot de passe). Une telle puissance impose une bonne dose de prudence.
Cette fonctionnalité de référencement constitue un “effet de bord”, c’est à dire qu’elle n’était pas prévue au départ par les concepteurs de ces sites. Elle représente évidemment une manne pour les pros du référencement, mais eux-mêmes ne comprennent pas encore bien comment tout cela est pris en compte dans les moteurs de recherche pour le référencement du site mis en lien. La seule certitude reste que si la page “cible” est rapidement remontée par Google et consorts, c’est tout simplement parce qu’ils parcourent TRES souvent l’intégralité des pages de réseaux sociaux. Donc si votre profil est ouvert à tous, n’importe qui pourra consulter votre page, laquelle est enregistrée en temps réel par Google. La solution ? Ne plus rien publier ? Certainement pas !
Tout d’abord, évitez de faire partie des gens qui utilisent Facebook sans savoir comment ça marche : ayez recours aux multiples options de privatisation qu’offrent (encore) ces outils. Facebook, pour parler du plus connu, vous propose de n’afficher qu’à vos seuls contacts référencés et acceptés par vous, les informations de votre page et ce que vous y publiez. N’hésitez pas non plus à désactiver les publications automatisées de jeux, ou même à ignorer la publication proposée à la fin du quizz que vous avez pris durant votre pause : cela vous évitera de polluer inutilement votre réseau avec les réponses à des questions aussi existentielles que «Quel personage de Star Wars est-tu ?» ou encore «Déterminné votre profil psicologique» (rappelons au passage que vous avez le droit de boycotter les quizz à l’orthographe déplorable 😉 ). Certaines applications n’hésitent d’ailleurs plus à “s’auto-répliquer” telles de bonnes vieilles bactéries sur les pages de vos contacts sans rien demander à personne. N’hésitez pas à la bloquer une bonne fois pour toute une fois repérée.
A noter que Facebook a récemment ajouté de nouvelles options de “personnalisation automatique” qui s’apparentent à de nouvelles intrusions dans votre vie privée. Il est possible de désactiver tout ça (en anglais pas compliqué), et je vous conseille de le faire, ou tout du moins que vous utilisiez Facebook en toute connaissance de cause.
Tous les réseaux sociaux proposent des options équivalentes pour contrôler le périmètre de diffusion des informations que vous publiez, et il en va de même pour tous les sites dont vous fournissez le contenu, comme par exemple les sites de diffusion de photos (Flickr, Picasa, ou même Pixmania…) ou de vidéos (Youtube, Dailymotion…). Petit tutoriel sur 01net.com sur les options de confidentialité de Facebook (hélas plus très à jour, mais mieux que rien).
Le recours à différents comptes, voire à différents outils, peut également vous fournir un autre type de cloisonnement, encore plus efficace.
Comme on l’a vu, Facebook est un formidable outil de promotion internet : n’hésitez pas à vous créer un compte pour vous, et un autre pour votre marque. Le premier sera privé et contiendra toutes les bêtises que vous pourrez souhaiter, le second sera public et diffusera une image travaillée auprès du public.
On peut pousser cette logique en utilisant d’un côté Facebook pour sa vie perso ou associative, et d’autre part à Viadeo pour sa vie pro, par exemple. A vous de ne pas accepter les mêmes personnes sur l’un et l’autre outil. Il faudra aussi refuser poliment quand votre nouveau collègue vous invitera sur MySpace.
Bien sûr, si l’un de vos contacts publie lui-même vos informations, vous ne pouvez pas faire grand chose, à moins de lui demander gentiment de respecter votre “droit à confidentialité”.
Où étiez-vous à l’heure du crime ?
Normalement, en respectant les quelques conseils déjà énoncés, on devrait être incapable de faire le lien entre votre identité professionnelle et votre identité privée. Cependant, il y a de nombreux cas où mettre en avant, ou du moins laisser apparentes, des informations extra-professionnelles peut s’avérer avantageux… dans une certaine limite.
Permettre à votre (futur) employeur de connaître votre action au sein d’une association caritative n’a rien de dommageable, sauf s’il constate que vous passez le plus clair de vos horaires de travail à répondre aux questions du forum de l’association en question. Comme il vous est sans doute impossible d’agir sur ce site associatif, surveillez votre montre pour choisir vos fenêtres de tir : 5 minutes lors de votre pause café, 10 avant ou après le déjeuner… tout est question de mesure. Attention toutefois à ne pas rogner vos relations sociales “réelles” avec vos collègues.
Votre identité vous appartient
Une dernière chose pour vous assurer le contrôle des informations diffusées sur le web à votre sujet : ne pas vous faire voler votre identité.
Je ne parle pas de la perte de votre mot de passe Facebook entre les mains d’un petit malin, mais bien d’usurpation. J’écarte également l’hypothèse où on aurait deviné votre mot de passe, puisque vous aurez eu la prudence d’utiliser cette petite application, Open Source et gratuite, qui teste la robustesse de votre mot de passe. Je vous invite d’ailleurs à lire cet article d’Owni sur le sujet des mots de passe, c’est très instructif.
Par usurpation d’identité, j’entends : je vais me faire passer pour vous. A partir du moment où je connais votre nom, et où je dispose d’une adresse mail, je peux en quelques instants ouvrir un compte à votre nom sur n’importe quel site, et y dire n’importe quoi, en me faisant passer pour vous. Première consolation : l’adresse email utilisée par l’usurpateur ne pourra pas être votre vraie adresse mail. Comme vous l’avez sans doute constaté en vous inscrivant sur la plupart des sites un tant soit peu sérieux, un mail de confirmation est envoyé à l’adresse mail renseignée à la création du compte pour confirmer que le propriétaire de l’adresse mail est bien à l’initiative de l’inscription. Cela dit, avec Gmail, Yahoo ou Hotmail, rien de plus facile que de créer une adresse de la forme «pascal.martin.652@hotmail.com») et de l’utiliser pour créer un “fake”, un faux compte. Seule parade : que vous-mêmes ayez déjà un compte sur le site en question. Malheureusement, si l’usurpateur est plus actif que vous, il sera mieux référencé. Rassurez-vous cependant, il faut atteindre une certaine notoriété (dans la vie réelle) pour attirer ce genre de parasites. Maintenant, si votre ex a une dent contre vous…
De plus, la démarche exhaustive qui consisterait à s’inscrire sur tous les forums et autres espaces privés du web est évidemment impossible et déconseillée, vu les sites particulièrement nauséabonds qu’on peut hélas trouver sur la toile.
Il faudra donc privilégier les sites les mieux référencés (dont vous avez un bref aperçu dans cet article), quitte à n’y ouvrir qu’un compte ne contenant qu’un lien vers votre outil favori. Cela vous permettra en outre de suivre ce que les autres disent de vous.
Nouveauté en cours de déploiement qui confirme que les utilisateurs sont bel et bien propriétaires de leurs données, la possibilité de télécharger tout son contenu Facebook commence à faire son apparition. Pas complètement inutile pour ceux qui veulent quitter le numéro 1 des réseaux sociaux.
Vous contrôlez l’identité de vos enfants
Vous leur demandez de ne pas parler aux inconnus dans la rue, et de la même manière, il ne vous viendrait pas à l’idée de placarder des photos d’eux dans un lieu public? Avez-vous déjà songé que Internet est un lieu public ? Que Facebook est un réseau social avec des amis d’amis d’amis d’amis que vous ne connaissez au mieux pas bien, au pire pas du tout. Sans verser dans la paranoïa, je vous invite à faire le petit test suivant : allez dans Google Images et tapez le nom de votre enfant et le mot “bébé. Et cherchez votre enfant. Vous l’avez trouvé ? Bravo !
Je ne verserai pas dans le sordide, mais je vous rappellerai juste un souvenir : que disaient vos camarades de classe en voyant votre tête sur la photo de classe ? Sur la photo de classe de l’année précédent ? Sur celles du primaire ? Par extension, que disaient-ils de n’importe quel cliché de vous ? La nature des enfants étant ce qu’elle est, c’était sans doute “pas cool”. Quand bien même ces photos n’ont rien de honteuses, quand bien même elles ne sont pas à cacher, elles ne sont pas nécessairement à publier : tout n’a pas vocation à être publié. Si vous pensez le contraire, contactez de suite un producteur de télé-réalité trash qu’il vous installe une batterie de caméra dans votre demeure.
Oui mais pour communiquer les photos aux amis proches, à la famille ? Et bien, vous pouvez faire comme de nombreuses personnes : installer un blog comme celui-ci qui propose des options de non-référencement et de protection par mot de passe n’a rien de compliqué. Et ça coûte 50 euros par an, une somme que n’importe quelle grand-mère un peu éloignée géographiquement sera prête à offrir à Noël pour avoir des photos de ses enfants 😉
Pas convaincu ? Lisez cet article qui explique bien le problème de la présence des enfants sur le web. Encore une fois, le but n’est pas de verser dans la parano, juste d’adapter son comportement à un nouvel outil.
Prévenir, d’accord, mais guérir ?
Vous avez rentré votre nom sous toutes les coutures dans Google et 123people, et maintenant, une question reste en suspens : “comment supprimer cette donnée sur tel ou tel site que je ne fréquente plus depuis des siècles ?”
Vous pouvez commencer par faire le ménage : vous utilisiez last.fm, qui est devenu payant depuis, et maintenant vous êtes passé sur Deezer ? Supprimez votre compte last.fm !
Tel site que vous ne fréquentez plus ne propose pas de suppression de compte, mais votre email y traîne toujours, et est remonté par google ? Éditez votre compte et remplacez votre adresse par un champ vide, ou si c’est impossible, par le fameux «test@example.com» : ce nom de domaine est inactif et réservé pour les tests. Aucun risque de polluer qui que ce soit !
Pour les outils que vous continuez à utiliser, prenez le temps d’explorer les préférences et de les paramétrer finement pour qu’elles répondent à votre besoin. Attention, sur FaceBook, les applications annexes (jeux, quizz, utilitaires…) bénéficient de paramètres individuels qu’il faut passer en revue appli par appli. C’est là aussi l’occasion de fermer les accès à certains développements que vous n’avez utilisés qu’une fois pour passer le temps.
Toutes ces modifications seront prises en compte à plus ou moins long terme par Google. Sachez, pour finir, que le délai de suppression d’informations recensées par Google varie en fonction de la qualité de leur référencement. Quelque chose de très confidentiel sera paradoxalement plus ardu à effacer de la mémoire des moteurs qu’une information très publique. De la même manière, il est plus facile de supprimer que de modifier : le cache de Google stocke des versions passées qui peuvent être conservées assez longtemps, là encore en fonction de leur fréquence d’actualisation. Cependant, le délai de suppression définitive d’une page n’existant plus est de plus en long. Soyez donc vigilants, et faites des contrôles réguliers !
J’espère que cet article, et ses futures mises à jour, vous seront utiles. N’hésitez pas à me faire part de vos critiques et commentaires.