Je bouquine en retard (16)

4 min read

Les tâches à faire s’accumulent, les résolutions ont coulé depuis bien longtemps, mais ça n’empêche : le retard quand ça ne s’accumule pas, ça se rattrape… une autre version de “qui paye ses dettes (temporelles) s’enrichit”.

Je vous avais laissé il y a quelques mois avec Les Trois Cartes de Stephen King, le deuxième volume de la Tour Sombre. Entre temps, et tout particulièrement ce dernier mois, j’ai suivi Roland et ses compagnons successivement dans les Terres Perdues, puis entre Magie et Cristal, avant qu’ils n’affrontent Les Loups de la Calla, qu’ils n’écoutent Le Chant de Susannah et qu’ils atteignent, enfin, La Tour Sombre.

Que dire de cette saga ? Le premier tome m’avait paru bien lent : les 70s avaient infusé leur ambiance psychédélique et post-apocalyptique dans ce long prologue. Les Trois Cartes nous avaient présentés deux autres personnages qui allaient aider Roland dans sa quête. Terres Perdues nous en apporte un troisième, avec un intéressant paradoxe temporel.

Dans Le Pistolero, un enfant se retrouvait dans le sillage de Roland personnage principal. On comprenait bien vite que cet enfant était arrivé là parce qu’assassiné dans son monde d’origine. Dans Les Trois Cartes, Roland remonte le temps pour tuer l’assassin de l’enfant. Qui ne sait plus s’il est mort et a vécu des aventures dans un autre monde, ou s’il est bien vivant dans son monde d’origine. Pareil dilemme s’ouvre pour le Pistolero, qui frôle la folie. Après avoir sauvé l’enfant, le quartet poursuit sa route et affronte une gigantesque citée ravagée, avant d’embarquer dans un train d’enfer (littéralement). Ces tomes deux et trois sont très agréables à lire. Évidemment King se laisse parfois aller en bavardages, mais il sait raconter des histoires, et le seul reproche qu’on puisse lui faire est de ne pas satisfaire notre envie assez rapidement. Mais n’est-ce pas ce principe de frustration qui nous rend son récit si agréable, si prenant ?

Après ces aventures, nos personnages s’arrêtent pour revenir sur la jeunesse de Roland. Et c’est là que la série rencontre son ventre mou. Très mou. Sur les 900 pages de Magie et Cristal, 700 sont consacrées à une histoire d’amour… autant dire que c’est un peu longuet. Bien sûr je caricature, de nombreux autres éléments viennent pimenter le tout, mais King aurait pu (du ?) sabrer une bonne partie de ses atermoiements interminables (essayez de répéter ça dix fois de plus en plus vite). Une fois cette dépression passée (ce qui m’a mis un moment tellement j’y allais en reculant des quatre fers), les trois derniers tomes s’enchaînent bien plus rapidement. Les Loups de la Calla est sympathique, bien qu’assez prévisible. Le volume permet de bien s’attacher aux personnages, impression renforcée par Le Chant de Susannah, où le groupe d’amis est séparé. L’inéluctable fin est ainsi d’autant plus poignante dans le tourbillon d’action du volume final, La Tour Sombre, où l’on retrouve King au meilleur de sa forme.

La Tour Sombre m’évoque Lost dans ses pires et ses meilleurs côtés : une histoire prenante avec des longueurs au milieu. Espérons que la fin ne sera pas aussi décalée par rapport au reste que l’a été la série phénomène.

Au milieu de tout ça, j’ai eu le temps de caler le premier tome d’un autre célèbre cycle : Fondation, de Isaac Asimov. Ca se lit avec une facilité déconcertante, et l’histoire est tellement originale qu’on dévore l’ouvrage en quelques heures. J’avais acheté la série dans une brocante sur la seule bonne fois de sa réputation (et après vous vous demandez comment je fais pour remplir ma bibliothèque ?) sans en connaître le propos : un scientifique prédit la décadence et la barbarie qui suivront la chute imminente de l’Empire Galactique. Il prédit tout cela scientifiquement, et organise l’exil de plusieurs centaines de personnes chargées de collecter et organiser le savoir humain dans un gigantesque Encyclopédie Galactique. Mais ces héritiers de Diderot sont loin de se douter du sort véritable qui les attend. Une superbe réflexion sur l’humanité, l’histoire de la civilisation, sous un vernis très réussi de science-fiction. Miam !

Je me suis fait un petit planning de lecture pour mes prochain congés, que je passerai sans ordinateur. Rendez-vous bientôt avec, si tout va bien, mes impressions sur La possibilité d’une île, Le Secret de Ji et Le Grand Livre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.