Hadopi : la loi qui sert à tout (mais pas à lutter contre le piratage)

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Il y a déjà quelques temps, vous avez peut-être entendu parler d’un “machin”, d’aucuns appellent cela une loi, traitant de la lutte contre le piratage. Enfin, non, de la Diffusion des Oeuvres et de la Protection des droits sur Internet.

Il y eut une version 1, aux rebondissements guignolesques. Il y eut une version 2. On parle d’une version 3. Il y a eu entre temps des patchs dont on se demande s’ils sont bien légaux.

En attendant, la Hadopi travaille. Avec des résultats probants. Elle a récemment commandé un sondage, où un sondé sur deux avoue télécharger des contenus de manière illégale. La méthode de sondage prête comme d’habitude à débats et on peut se demander si tout le monde, à la question “faites-vous quelque chose d’illégal” va répondre honnêtement (paradoxe). En tout cas, il est inquiétant que certains sondés se soient mis au “piratage”… depuis la mise en route de la Hadopi. En guise de disuasion, c’est surtout une belle publicité pour les méthodes non-réglementées qu’a proposé Hadopi. Pour m’être un peu penché sur le sujet, on trouve foule de blogs et autres sites qui proposent des alternatives technologiques tout à fait sérieuses et basées sur le modèle du Peer to Peer. Des logiciels de partage Friend to Friend, par exemple : vous partagez vos contenus avec vos amis. Et les amis de vos amis. Et ainsi de suite. De manière sécurisée, puisque cryptée, et décentralisée (donc à l’abri des attaques judiciaires que commencent à subir certains sites d’hébergement de contenus).

Passons, là n’est pas le plus drôle.

Le plus drôle, c’est l’absence de volonté de nos fournisseurs de contenus de s’adapter. On n’en est plus à l’époque du vinyle ou du CD (ce qui en soit peut être dommage en terme de qualité mais c’est un autre débat), mais du numérique dématérialisé. Vaille que vaille, l’industrie du disque et du film (c’est la même, hein) s’accroche à l’ancien mode de diffusion, chronologie des médias et tout et tout. Ben oui, mais ça ne marche plus comme ça. Quand vous entendez votre collègue ou un ami dire “ça fait 6 mois que je l’ai ce film, faudrait que je le regarde un jour”, en passant devant l’affiche publicitaire d’Alice au pays des merveilles de Tim Burton pour sa diffusion sur une chaîne payante de télévision, vous vous dites que quelque chose a changé et que certains n’ont pas voulu prendre le train en marche, mais le freiner à toute force… Ben ouais mais non, on n’a pas arrêté la radio quand elle est apparue dans les foyers. Et pourtant, déjà à l’époque, tout le monde (i.e. toute l’industrie du disque) prédisait la fin des ventes de disques (vinyles, à l’époque). Les ventes ont explosé.

Changer les modes de distribution, de diffusion et de promotion, certains l’ont fait, et pas les plus jeunes geeks de la Terre. Les Monty Python n’ont jamais autant vendu de DVDs. Savez-vous pourquoi ? Parce que les Monty Python ont mis de longs extraits gratuits de leurs délires sur Youtube : 23’000 % d’augmentation des ventes.

Oh, bien sûr un DVD, ça entraîne encore ce genre de frustration…

Le calvaire du DVD

Ce qui entraînent l’apparition d’initiatives un peu partout dans le monde pour demander, à l’aide de pétitions, la fin des aberrations du modèle archaïque de diffusion des œuvres cinématographiques. Espérons qu’elles aboutissent, qu’enfin les industriels comprennent que notre budget est limité et qu’avec un modèle plus souple et une offre plus intelligente, ils feront sans doute autant de profits, peut-être même plus, et qui sait, ça financera peut-être mieux les artistes (ce dernier lien étant un exemple issu du monde de l’édition qui ne doit pas bien bien différer…).

Espérons surtout qu’elles aboutissent pour des raisons autrement plus graves. Qu’on passe du Peer to Peer au modèle Direct Download, cela change la géographie du web, c’est dommage, voire dommageable, mais bon. Qu’on passe de communications ouvertes, à grande échelle, à des communications cryptées, à tout aussi grande échelle, voila qui va considérablement compliquer l’affaire de ceux qui ont véritablement à cœur notre sécurité.

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