Défi d’écriture Writever d’avril 2021 : les consignes

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Le Writever, c’est un petit défi d’écriture qui propose un mot par jour, pendant un mois.

Et comme tous les mois, j’y participe, ici, et sur le compte Mastodon @MicrofictionFM. Vous pouvez aussi vous abonner pour recevoir des récapitulatifs hebdomadaires.

Et petite nouveauté, si vous défilez cette page, vous verrez les microfictions s’afficher au fur et à mesure des jours de leur publication. C’est beau, la technologie, hein 😉

Bonne lecture à toutes et à tous !

  • Se retrouver au chaud, mais pas trop. Presque au frais. Une tiédeur moite, confortable, un cocon où s’endormir. Au calme.

    Je ne suis pas là. Rien de tout ça ne m’arrive. Plus rien ne peut m’arriver maintenant. Sourire, un souvenir débile. Plus personne avec qui le partager.

    Se retrouver dans cette bulle de paix. La terre comme dernier lit. On m’aurait prévenu, j’aurais pas paniqué. Mais non. On ne ressent plus rien quand on nous enterre.

  • – Vous savez, la plupart des gens disent que nous “tricotons”. C’est faux. Nous ne sommes pas équipées pour. Alors bien sûr, nous nouons des fils de manière savante pour obtenir de véritables ouvrages d’art. Mais ce n’est pas du tricot. Vous me comprenez ?

    Incapable de répondre, je fixais les deux immenses mandibules qui s’activaient pour réaliser des napperons de soie. Au point de crochet, bien sûr.

  • Quand l’idée émergea de dresser un portrait-robot de l’employeur idéal, tout le monde y alla de sa proposition.

    Assez vite, de grandes tendances émergèrent. Tout n’était pas universel, mais suffisamment adaptable pour le besoin de chacun. Une silhouette générale se détachait. Ce fut le syndicat des costumières et des couturiers qui acheva les plans. Une sorte de patron de patron, en somme.

  • – Je ne suis pas très satisfait.
    – On peut changer de chaîne.

    Haussement d’épaules.

    – Faisons ça.

    Et les grommellements de lassitude et de soulagement montèrent du banc de nage, tandis que les rameurs étaient remplacés.

  • – C’est ridicule, cette mascarade. Regardez-vous ! Mais vous ne vous rendez pas compte qu’on vous ment ? Qu’on vous mène en bateau ! Bandes de moutons ! Ouvrez les yeux !

    L’individu se stoppa net. Devant lui, la silhouette affublée d’une tête de bouc se tourna vers lui. Des paroles impossibles sortirent de la gueule de l’animal qui n’était pourtant qu’un masque.

    – Ouvrez les yeux, dites-vous ?

    Et les paupières du cadavre dévoilèrent deux globes incandescents.

  • Avant, les visionnaires – que leurs voisins qualifiaient de fous – construisaient des fusées. Des abris anti-atomiques. Ils cherchaient à bâtir des murailles.

    Aujourd’hui, j’essaye juste de faire pousser mon potager.

  • – Vous serez ma doublure pendant quelques heures. Une journée, tout au plus.
    – Mais…
    – Allons, allons, c’était bien votre souhait ? Profiter de notre extraordinaire ressemblance pour vous remplir les poches.
    – Pas du…
    – Ne niez pas, chenapan. C’est bien compréhensible. Et je suis d’accord. En échange, faites-vous passer pour moi quelques temps. Considérez cela comme une représentation rondement rémunérée.

    Et il s’en alla. Je ne revis jamais le roi.

  • – Ça ne s’écrit pas comme ça.
    – Si je veux.
    – Mais non. Il y a des règles. L’orthographe, la grammaire… les mots ont un sens.
    – Ben oui. Je sais. Et du coup, je l’écris comme ça. C’est mon slogan, pour ma promotion, je fais bien ce que je veux.
    – Sauf que ça ne veut rien dire.
    – Je trouve que c’est un bon slogan pour un forgeron.
    – Oui mais… Oh. « Fer savoir et savoir fer ». Ah oui. Alors oui. D’accord.

  • Je n’arrivais jamais à retenir le sens de l’expression “avoir maille à partir avec quelqu’un”. Quel rapport entre le tricot et rencontrer des difficultés dans des interactions sociales ?

    Et puis je me suis dit… Ça n’a peut-être rien à voir avec le tricot ? C’est peut-être une histoire de quelqu’un qui perce ton armure ?

    Qui te fait partir une maille de ta côte ? Alors, là, oui, quelqu’un qui me démonte la côte de mailles, je serais pas d’humeur.

  • Je ne vous cache pas ma surprise… Je ne vous imaginais pas du tout comme ça. Le cliché de la grande figure encapuchonnée a la vie dure… si je puis dire. Là, tenue de soirée, et ce carton d’invitation… Moins anxiogène, bien sûr. Mais qui dit “invitation” dit “refus possible”, n’est-ce pas ? Oh ne dites rien. Il fallait bien que j’essaye. Vous savez ce qu’on dit, l’espoir fait vivre…

  • Autrefois, la neige étendait son grand manteau blanc, le temps d’une pause, avant que la nature reparte. Et nous marchions joyeusement – ou en pestant, mais nous marchions dans la neige.

    Aujourd’hui, les nuages se déploient en une vaste couverture autour du monde. Les couvertures sont faites pour dormir. Une pause. Nous ne marcherons pas sous les couvertures. Nous y dormirons. Pour toujours. Avec les éphémères champignons qui nous ont plongé dans ce sommeil.

  • – Une aiguille dans une meule de foin.
    – De quoi ?
    – La magie. Je veux trouver le secret de la magie. Celle qui renverse les montagnes, qui transforme le monde d’un simple regard. On cherche depuis tout ce temps, toi et moi, et toujours rien. Rien.

    Le silence s’abattit.

    – Je ne voulais rien dire, que ça vienne de toi. Mais je l’ai trouvée, cette magie.
    – Hein ?
    – C’est toi. Tu m’as fait traverser le monde, parcourir des déserts. Parce que je t’aime.

  • Le marchand me remit l’étrange boussole.

    “Son fonctionnement est des plus simples. Pensez à ce que vous souhaitez le plus au monde et ouvrez-la. Son aiguille vous guidera vers ce trésor.”

    Je me concentrais, et après un temps, basculais le clapet de l’objet.

    L’aiguille oscilla à peine avant de pointer dans ma direction.

    Le marchand grimaça.

    – Puis-je vous demander votre souhait ?
    – La sérénité.

    Il haussa les épaules.

    – Pas de remboursement, désolé.

  • Quand on revêt des habits de deuil, est-on écrasé par le chagrin comme un crêpe ?

  • “Il faudrait isoler ce cas particulier. Pour mieux le comprendre. Le soigner. Éviter qu’il ne contamine les autres.”

    La décision était prise. Alors les aliens qui nous gouvernaient m’embarquèrent et me confinèrent. À l’isolement. Moi qui souffrais déjà de ma solitude au milieu des gens que j’apprécie.

  • L’arc tendu, il énonçait d’une voix calme alors que l’armée adverse chargeait.

    – Leur armure comporte deux faiblesses. Une au cou, et une sous les aisselles…
    – Oui, comme n’importe quelle armure, maugréa un voisin. Une vraie information, sinon ?
    – Leur gambison est en laine de yak, l’étiquette précise de laver à la main et…
    – Laisse tomber.

  • Une paille, ça ne change pas grand chose, paraît-il.

    Pourtant, jetez-la sur des braises…

  • L’effondrement et la fin de l’électricité facile changèrent la vie quotidienne, les loisirs et parfois même, le langage, à travers la définition de bien des expressions.

    Qui souhaitait “se faire une toile” ne se rendait ainsi plus au cinéma, mais au musée.

    Les collections locales reprirent de la valeur.

  • L’outil de planification fonctionnait plutôt bien, à un souci près. Il avait tendance à dévorer certains signes de ponctuation.

    Par exemple

    Il n’y avait aucune explication rationnelle à ce problème. Les développeurs se demandaient juste si un jour, quelque part, une foule de apparaîtrait… Et ce que cette armée ferait alors.

  • Le vieux détective privé posa sa démission un beau matin sans prévenir.

    Il vissa un feutre sur sa tête, et transforma le roman noir où il évoluait en livre de couleurs.

  • À leur arrivée dans le camp, les gardiens leur remirent des costumes noir et blanc, pour que les rayures les gomment un peu plus de la réalité telles qu’ils voulaient la façonner.

    Quelques prisonniers, puisant dans leurs derniers retranchements, se servirent des mêmes rayures pour se fondre dans le décor, et disparaître. La grande évasion.

  • Il parait que chaque flocon est unique. Les conditions de pression atmosphérique, d’hygrométrie, la composition chimique exacte des composés minéraux dissous dans l’eau au moment de la cristallisation, tout cela contribue à façonner une œuvre éphémère et impossible à reproduire.

    Est-ce que cela fait de nouveaux de délicats flocons ?

    Je veux plutôt croire que je suis le vent qui permet à ceux que j’aime d’avancer et qui dérange ceux qui me contrarient.

  • “Je t’ai dans la peau” constitue pour la plupart des personnes un compliment.

    Faites attention cependant. Si la formule est prononcée par quiconque avec une formation en dermatologie, vous pourriez bien vous retrouver comparé à une gale ou une teigne, ou tout autre affection désagréable et inesthétique.

  • Elles évoluent à la lisière de notre esprit.

    Ici, tout nous semble cohérent , rassurant, en plein lumière.

    Là, dans la pénombre, elles prennent un tour inquiétant, des formes impossibles.

    Il suffit d’une ombre au tableau pour que la lisière recule et que nous soyons poussés dans nos retranchements.

    Notre esprit n’est qu’une construction fragile et le cadre une limite floue.

  • – Passez-moi tout ça au peigne fin.

    L’officier subalterne ne put étouffer un pouffement.

    Son supérieur le fusilla – métaphoriquement, là encore – du regard.

    – Écoutez-moi bien. Ce n’est pas parce que nous avons découvert que cette planète était en réalité une immense créature vivante que vous allez me chercher les poux de la tête.

    Les éclats de rire qui accueillirent cette déclaration acheva de le mettre en rogne.

  • – On va prendre le ver.
    – Quoi ? Pour voyager dans l’espace ? Chevaucher un ver, comme dans_
    – Hein ? Non. Tu crois quoi, que des organismes géants seraient capables de survivre dans le vivre intersidéral ?
    – Non. Non, bien sûr que non, ah ah.
    – Pourtant…

    Et ainsi nous traversâmes la galaxie, sur le dos d’un immense tube digestif. Ce qu’il digérait, je l’ignorais, mais cela faisait des trous. Des trous de ver. Dans le tissu même de l’espace et du temps.

  • Ces statues étaient anatomiquement parfaites, d’une précision et d’un réalisme dérangeant. Elles remontaient à la plus grande antiquité, et démontraient d’un savoir faire que les maîtres de la renaissance n’attendraient qu’à grand-peine plus de deux mille ans après.

    Tailler de telles merveilles n’était pas seulement exceptionnel, cela relevait presque de l’anachronisme. Jusqu’à ce quelqu’un comprenne.

    Ce n’étaient pas des statues mais les victimes de Méduse.

  • – Je te parie que je fais un carreau.
    – T’en fais un à chaque fois. Mais ok.

    La puissance cosmique saisit sa boule et la lança vers sa cible. Où des peuples entiers hurlaient, les yeux rivés vers l’énorme météorite qui s’apprêtait à annihiler toute vie sur leur planète.

  • L’échange avec le support du réseau social prenait des tours absurdes. L’algorithme avait censuré des photos que j’avais publiées, entraînant la fermeture temporaire de mon compte.

    Motif ? Cliché à caractère sexuel.

    Je compris enfin quand une réponse me parvint, citant l’organe sexuel que les robots censeurs avaient repéré : des étamines.

  • Les moulinets s’interrompirent.

    – Je vais t’imprimer ça dans le crâne, imbécile ! Pas d’erreur dans mes livres de compte !

    Au grand désarroi du malheureux comptable, le truand éclata soudain de rire en réalisant son jeu de mots. Avant de réactiver ses rotatives

  • Au plafond, les lumières clignotèrent. Je paniquais. D’un hochement de tête las, le patron confirma mes craintes. L’heure de la fermeture avait sonnée. Une fois sur le seuil, nous vîmes l’impensable : le néon du Dernier restaurant avant la fin du monde s’éteignit.

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