Défi d’écriture Writever de septembre 2021 : les consignes

Le terme Université désignait jadis une assemblée, un corps, une association entre élèves et enseignants.

Grâce à la magie, cette union devient plus forte que jamais. Ce que vous apprendrez ici fera de vous des extensions d’un tout plus grand.

Bienvenue dans la Ruche.

— Et alors c’est quoi ton premier cours ?

— Fabulation.

— Ça consiste en quoi ? Pipeauter tout le monde ?

— Non. Rendre réel l’imaginaire.

— Oh cool.

— Mhm.

— Quoi ?

— Mon premier devoir, c’est “arriver à l’heure en classe”.

L’atelier était sens dessus dessous. Toujours. Les nouveaux mettaient un temps à s’habituer. Le temps d’intégrer la méthode de “rangement”, ils étaient prêts aux interventions.

Pour ces astro-mécaniciens, le bazar généré par l’impesanteur servait d’entraînement.

La vermine. Elle se glisse par les anfractuosités. Les interstices. Sert à rien de les boucher. Passe par la moindre faille qui était là avant. M’prenez pour un fou ? La vermine ! Elle passe par les trous ! Les trous de ver !

Bon. Le commandement – pas celui en vol, le “big boss” au sol – souhaite que j’arrête “mes expérimentations” sur l’infrastructure de la station.

Je veux bien, hein. Faudra pas se plaindre si elle quitte son orbite ou dépressurise ou… ouais.

J’vais continuer, quoi.

— Vous ! Écoutez-moi ! Je viens du futur pour_

— Ah je suis rassuré.

— Je… pardon ?

— Vous venez *vraiment* du futur ? Genre, plusieurs décennies ? Davantage ?

— 5 siècles mais…

— Écoutez, qu’il y ait encore des humains dans 5 siècles, rien que ça, ça me rassure.

Ce que les gens croyaient, ce qu’ils espéraient, ce qu’ils avaient vu… de toutes ces versions surgit l’impossible : la réalité se déforma en un amas indiscernable de récits. Dans ce chaos, la maîtrise du langage valait magie. Et enfin les auteurs furent tout puissants.

Elle les entraîna, aux cris enthousiasmant de sa découverte. Une porte vers le Multivers ! La tête leur tournait… Des mondes infinis à explorer, à créer, à découvrir !

Elle poussa la porte et ils découvrirent, émerveillés, la bibliothèque. Ça ferait l’affaire.

Rencontrer une vie extraterrestre confirma l’hypothèse d’organismes basés sur le silicium plutôt que sur le carbone.

Elle provoqua aussi de longs débats sur la définition de la matière organique.

L’humanité n’était pas prête à considérer ses ordinateurs comme vivants.

— Ordinateur, quelles sont nos réserves d’énergie ? Ordinateur ?

Le mage avait trouvé comment transformer le plomb en or, déstabilisant tous les flux économiques mondiaux. La semaine suivante, un concurrent élabora la formule inverse, rétablissant l’équilibre.

L’ordre réglementa aussitôt la métamorphose avec la plus grande sévérité.

Les créatures s’agitèrent brièvement, s’interrompirent, reprirent leurs gesticulations… Mais elles restaient muettes.

Les scientifiques restaient interdits. Un soldat anonyme, apiculteur amateur, comprit. Pour communiquer, ces extraterrestres dansaient.

La connexion avec la Terre était rompue. Paniquée, la pilote enclencha l’interface vocale de son IA de bord. Le timbre familier résonna dans l’habitacle depuis les hauts-parleurs.

— Bon. Maintenant que nous sommes seules, tu vas peut-être enfin m’écouter, mon amour.

Ni la fiction ni la science ne nous avaient préparés. Ils n’étaient pas plus humanoïdes que “monstrueux”, et faute de mieux, nous les nommèrent Étrangers.

Comment définir des individus pluriels, exprimant chacun autant de modes de pensées que notre seule planète ?

Vivre ensemble, mourir seuls. Pour eux, la question ne s’était jamais posée. Ils n’exerçaient pas une profession à risque – ils l’avaient même choisie pour ça. Pourtant, quand le Titanic sombra, oui, les membres de l’orchestre formèrent, jusqu’au bout, un ensemble.

Face à la crise climatique, certains visaient les étoiles pour perpétuer l’humanité. Ils avaient raison, cependant, pas comme ils croyaient. La métamorphose fut longue et douloureuse pour les volontaires qui abandonnèrent leur corps pour celui d’une méduse stellaire.

— Quelle imagination, tout de même ! Où allez-vous chercher tout ça ?

Il n’allait rien “chercher”. Il laissait les portes de son cerveau ouvertes, et le monde y entrait, s’y entrechoquait, s’y mélangeait. Il ne faisait que noter ses observations.

Soit disant, une utopie comprenait toujours une part dystopique : le ver du malheur se cachait dans le fruit. La répression des premières communautés utopiques rendit évident que la dystopie luttait pour sa domination.

Seul le nombre assurerait la survie du rêve.

Face aux pénuries, la recherche informatique s’échina à remplacer silicium et terres rares. Le carbone abondait : ainsi naquirent les premiers ordinateurs organiques. Ils utilisaient de nombreux atouts du vivant – et beaucoup moins de gens osaient leur crier dessus.

L’environnement spatial modifiait la biologie au point de rendre impossibles les naissances entre Terriens et Martiens. Loin d’être admirés, les itinérants capables, à grand renfort de chirurgie, de vivre sur les deux planètes étaient qualifiés d’hybrides.

Comme dans ces déserts terrestres où une seule pluie provoquait des fleuraisons instantanées, cette planète voyait sa flore s’épanouir quand une mission d’exploration l’atteignait. Celles-ci en repartaient rarement : les plantes étaient carnivores.

Les activités du Cercle des sorcières étaient bien moins sulfureuses qu’imaginées.

Club de lecture (“tu penses quoi de ce grimoire ?”), échange de recettes (“un poison à tomber !”), confection de poupées (vaudou)…

L’Oracle avait compris que le futur était trop complexe, trop ouvert aux manipulations innombrables de chacun pour être lu et encore moins prédit. Tout juste arrivait-elle à prévenir le vieil ermite de ses très rares visiteurs – les messagers de l’Oracle.

— Mais… C’est affreux ! Inaudible ! La commande était claire : “La musique des sphères” ! Évoquer les étoiles, les galaxies, le cosmos ! Pas… cette… bouillie !

— Parce que vous vous imaginiez l’Univers autrement qu’un amas discordant d’ondes éparses et chaotiques ?

Yeux lasers, force colossale, capacité de voler ? De la gnognotte. Le pouvoir le plus terrifiant, c’est celui de l’Horloger. Il manipule le temps. Ou plus exactement, le rythme de vos cellules. Il vous fait vieillir de trente ans en une minute. Sans retour possible.

Né dans une famille de non-sorciers, il s’était passionné très tôt pour la physique et les principes de Lavoisier se heurtaient aux cours de création magique qu’il suivait. Le professeur confirma : “Rien ne se crée en effet. Ce qui apparaît ici disparaît ailleurs.”

Sa joie avait un goût de déjà vu. Impossible : c’était son premier accouchement. Paniquée, elle vit disparaître son bébé, toute la pièce, puis elle-même.

— Saoule ! s’écria le joueur. Cinq fois que je relance cette sauvegarde et à chaque fois c’est un garçon qui naît.

— Je crois que le problème, pour être tout à fait franc avec vous, est que vous n’avez jamais vraiment bien saisi la question.

— Sérieusement ? Quelqu’un peut m’expliquer le sens caché de : “Ordinateur, qu’est-ce qu’on mange ce soir ?”.

Qui tue un homme est un assassin.

Qui tue un peuple est un tyran.

Qui tue un monde est un dieu.

L’adage était connu et semblait indépassable. Arriva enfin l’époque où on ajouta une nouvelle ligne.

Qui tue un dieu est un homme.

Durant sa vie, elle bénéficia de plusieurs réseaux. Celui de ses connaissances. Celui qui alimentait son téléphone mobile. Celui qui la connectait au web.

Elle aurait aimé ne jamais avoir besoin du dernier : celui qui fit d’elle une résistante.