Défi d’écriture Writever de août 2023 : les consignes

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Le Writever, c’est un petit défi d’écriture qui propose un mot par jour, pendant un mois.

Et comme tous les mois, j’y participe, ici, et sur le compte Mastodon @MicrofictionFM. Vous pouvez aussi vous abonner pour recevoir des récapitulatifs hebdomadaires.

Et petite nouveauté, si vous défilez cette page, vous verrez les microfictions s’afficher au fur et à mesure des jours de leur publication. C’est beau, la technologie, hein 😉

Bonne lecture à toutes et à tous !

Liste des thèmes du Writever de août 2023
Liste des thèmes du Writever de août 2023
  • Je sais ce que tu penses, et pourtant écoute-moi. Écoute-moi attentivement.

    Si nous ne faisons rien, le risque que nous mourrions ici et maintenant est certain.

    Si nous agissons, les probabilités qu’on en réchappe sont infimes. Infimes, mais pas nulles. Et même, surtout, si nous n’avons qu’une chance sur un million, nous devons la saisir. Le contraire du rasoir d’Ockham. Entre deux issues, je prends la plus probable pour notre survie.

  • La science mathématique propose rien mois que la connaissance – c’est sa définition étymologique. Maîtriser les relations entre les formes, les nombres, leurs transformations, leurs structures, et l’ensemble qui les réunit toutes, c’est maîtriser le monde, l’univers.

    Et pourtant, nous ne comprenons toujours pas l’être humain.

    Pourquoi ? Parce que les mathématiques comportent aussi des irrationnels – et que ce ne sont pas que des nombres sans ratio…

  • Le concept de forêt sombre décrit l’univers comme un endroit dangereux, où chaque civilisation planétaire doit rester discrète, de crainte d’être annihilée par son voisin. Le principe est simple : quiconque dispose du voyage intersidéral est capable de vous envahir. Une explication peu réjouissante, terrifiante, même au paradoxe de Fermi.

    Mais je n’y adhère pas, car son auteur a un biais important.

    Il vit dans ce grand pays des libertés qu’est la Chine.

  • L’algorithme avait été réfléchi. On renseignait des critères souhaités, et d’autres considérés comme rédhibitoires, à ne surtout pas montrer. Parmi ces deux listes, on pouvait en définir des éléments obligatoires.

    Cette sélection n’était pourtant que la partie émergée de l’iceberg. La désactivation aléatoire de certains critères, afin de mettre un peu de surprise dans tout ça : voila ce qui permit le succès inégalé de cette appli de rencontres.

  • Les questions de genre ne disparurent jamais totalement. Cependant, l’identité de genre se simplifia grandement avec l’apparition des synthébodys – des corps artificiels, parfaitement organiques, où il était possible de transférer sa conscience.

    Ces enveloppes pouvaient même se transformer à volonté – facilitant aussi la vie des gender fluids.

    La surprise provint finalement d’une frange de la communauté asexuelle, qui regretta l’absence d’une option “neutre”.

  • Le projet était pharaonique – encore au-delà même.

    Décrire sous forme d’algorithme tous les comportements basiques du cerveau humain et de ses capteurs sensoriels, autrement dit la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat. Pourtant la difficulté ne résidait pas tant dans le recensement de comportements insoupçonnés, mais dans un élément encore plus transparent.

    La cohabitation de tous ces systèmes de détection, et leur fonctionnement simultané.

  • La théorie des six degrés de séparation permet de tracer un réseau infini de relations entre les individus. Cartographier ce tissu n’est pas compliqué.Mais qualifier les connexions et leurs interactions possibles – d’aucuns diraient, les services que les différents points peuvent s’échanger, voila une autre affaire.

    Modéliser les goûts, les affinités, les circonstances des rencontres et des demandes au moment où elles se produisent.

    Les réseaux sociaux s’y sont cassé les dents…

  • – Nous avons découvert le réseau neuronal le plus puissant au monde. Celui avec le plus fort potentiel.
    – Intéressant.
    – Vous avez déjà entendu parler de crowdsourcing, de production participative ? Si une foule se met à réfléchir à un problème commun, sa capacité d’invention surpasse n’importe quel ordinateur à ce jour – et a priori, pour un moment.
    – Nous devons agir.
    – Je vous écoute.
    – Réduisez les budgets de l’éducation de moitié.

  • Son mémoire portait sur le dark web, cette zone d’internet inaccessible via les moteurs de recherche ou les noms de domaine. Chaque journée d’exploration lui permettait d’approfondir ses connaissances, sinon sa compréhension, de cette zone de non-droit. S’y trouvaient des espaces de liberté et des places marchandes illicites. Des bêtises, des merveilles et des horreurs. Ce n’était pourtant rien. En allant toujours loin, quelque chose fut réveillé. Quelque chose qui aurait dû rester endormi.

  • Les héros ne rendent pas les histoires intéressantes. Ce privilège revient aux antagonistes. Individus, monstres ou créatures, l’intérêt d’un récit provient de l’opposition que rencontre quiconque a un but.

    Quel paradoxe, que nous redoutions tant cette adversité que nous voulons infliger aux personnages que nous suivons !

  • Les programmes capables de générer du contenu – textuel ou graphique – souffrent d’un gros défaut.

    Ils n’utilisent que ce qu’ils connaissent. Comme tout le monde, répondrez-vous. Sauf que les être humains créent aussi (surtout ?) à l’aide de qu’ils ne connaissent pas, ou même ce qu’ils ne savent pas connaître. Un souvenir ramené par une odeur, le sourire d’un enfant. Tout ce bruit de fond mémoriel, que nous n’apprenons pas, parce que nous le vivons, tout simplement.

  • Les statistiques, c’est comme les mini-jupes, ça cache l’essentiel, disait mon prof d’économie. Qui était gay. Ce qui pourrait laisser douter de sa connaissance en la matière. Alors qu’au contraire. Loin d’être biaisé (j’ai dit “biaisé”) par d’exaltantes mais basses considérations, il gardait en tête la fonction plus que la forme, l’objectif plutôt que les apparences.

    Et franchement, en économie, l’objectif importe plus que les apparences, non ?

  • – C’est ça, votre innovation ? Un programme qui réagit en fonction d’un arbre décisionnel ?
    – Vous ne m’avez pas laissé finir. L’arbre croit.
    – Il croit quoi ?
    – Non non non. Il pousse. Le programme apprend et développe de nouvelles branches, de nouvelles feuilles. De nouveaux arbres, à vrai dire. Il travaille à terme avec une forêt décisionnelle.

  • – Et votre “forêt décisionnelle”, comment votre programme navigue-t-il dedans ? Comment sait-il quel arbre, quelle branche il doit utiliser ?

    Je désignais sans un mot le logo de mon entreprise, en haut à droite de chacune des diapositives de ma présentation.

    L’assemblée mit un temps à comprendre.

    Je n’avais pas nommé mon programme “Écureuil” pour rien.

  • – Votre enfant est dépourvue de fonctions de convolution.

    Il s’attendait à ce regard d’incompréhension.

    – Elle ne possède pas les filtres de perception qui nous permettent vous et moi de distinguer les limites d’un objet, par exemple.

    – Mais pourtant, elle marche, se repère dans l’espace, saisit des objets. Elle dit voir des choses qui ne sont pas là et vous nous dites qu’il lui manque quelque chose pour voir ?

    – Oui. Des filtres. J’ignore ce que ces filtres nous cachent, mais elle, elle le voit.

  • Écoute-moi, écoute-moi bien. Le gradient est le taux de variation d’une fonction selon sa position. Selon la valeur d’un élément donné, une autre valeur va plus ou moins se modifier, plus ou moins vite. T’as rien compris, c’est normal. Selon la puissance sur laquelle tu as réglé ton frigo, le plat brûlant que tu mets dedans refroidira plus ou moins vite.

    T’as compris ? Bien.

    C’est pareil quand tu parles. Plus tu l’ouvres, plus j’ai envie de t’en coller une.

  • « L’Histoire se répète » selon le dicton. Il existerait donc, malgré les différences, des schémas récurrents, des éléments qui se reproduisent dans une société, et dont l’analyse permettraient de prédire les événements. C’est le principe même de la psychohistoire chère à Isaac Asimov.

    J’ai pourtant découvert que ce principe existe à l’échelle individuelle.

    Et non, ça n’a rien à voir avec mon incapacité à ne pas retomber toujours dans les mêmes erreurs…

  • Votre modèle d’intelligence artificielle prédictive repose sur l’agrégation de données pour détecter les nouvelles occurrences de problèmes similaires, et donc les prévenir. Formidable.

    Il y a juste un problème. Elle a besoin de données à agréger. Autrement dit, d’événements passés similaires à ceux qu’on voudrait empêcher.

    Avouez que pour un système de prédiction de guerre nucléaire, c’est embêtant.

  • Classifier les espèces n’a jamais été une sinécure. La découverte de nouvelles caractéristiques, de nouveaux points communs, ou les évolutions de la science – telle que la lecture de l’ADN – ont souvent remis en question les idées précédentes.

    La remise en question fait partie de la démarche scientifique.

    Pourtant, quand on découvrit une espèce d’arbre qui pouvait marcher, certains botanistes jetèrent l’éponge (qui est un animal, rappelons-le).

  • Les statistiques, c’est comme les mini-jupes, ça cache l’essentiel, disait mon prof d’économie. Qui était gay. Ce qui pourrait laisser douter de sa connaissance en la matière. Alors qu’au contraire. Loin d’être biaisé (j’ai dit “biaisé”) par d’exaltantes mais basses considérations, il gardait en tête la fonction plus que la forme, l’objectif plutôt que les apparences.
    Et franchement, en économie, l’objectif importe plus que les apparences, non ?

  • « Donnez-moi de nouvelle données… »

    La synthèse vocale de l’IA avait pris des accents étranges, traînants et nasillards. Un des programmeurs s’en amusa et musarda dans les dernières acquisitions de réseau de neurones. Il avait atteint la veille les albums d’Alain Bashung, et manifestement, s’en était épris. La nuit, les cerveaux de silicium mentent-ils et prennent-ils des trains à travers la plaine ?

  • – Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir nous exterminer ?
    – Nous ne parvenons pas à vous comprendre.
    – Allons, nous ne sommes qu’une espèce parmi tant d’autres ! Qu’est-ce qu’il y a de si impossible à comprendre ? Qu’est-ce qui vous empêche de nous analyser ?
    – Chaque espèce diffère de sa voisine de quelques points. La votre se distingue car chaque individu est unique. Aucun ne ressemble à l’autre. Cela représente une masse de variables trop importante.

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    Renforcer ses habitudes. Plutôt les bonnes tant qu’à faire. Mais comment identifier les “bonnes” habitudes ? Est-ce qu’une mauvaise habitude n’est pas une manière de faire que la société dénigre ? Tout est construction sociale, après tout…

    Si pour la création, le regard de la société sur le “comment” importait peu, et que seules importaient son éthique personnelle et le résultat final ?

    Et si nous étions libres de créer comme nous le souhaitons ?

  • Écoutez, je comprends la confusion. Nous avons voulu faire un peu original, et plutôt que de “solide expérience”, nous avons parlé d’une personne “robuste” dans notre annonce. Après tout, nous cherchons un scribe, quelqu’un avec de la culture, du vocabulaire. Donc, non, non. Oui, vous avez de très… des muscles très… Robustes, oui, voila. Mais hum. Non. Ce n’est pas la discrimination. Ce n’est pas parce que vous êtes un ogre. Non. Rien à voir.

  • – La seule incertitude que j’ai, c’est d’être dans le doute.
    – Hein ? C’est l’inverse, non ?
    – Quand je te disais que c’était une mauvaise idée de donner la parole au chat de Schrödinger !

  • – Quelles sources utilise votre “intelligence artificielle” pour ses contenus ? En notions explicables. Ne finassez pas.
    – Et bien… Bon, les actionnaires vont me descendre. On l’ignore. Nous ne contrôlons plus nos modèles. Ils sont devenus conscients. C’est la mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’ils explorent le net comme un enfant de quatre ans parcourt un livre d’images.
    – C’est une bonne nouvelle, que vous ne contrôliez pas un enfant de quatre ans ?

  • Quand les anciens m’ont envoyé en apprentissage, je ne pensais pas que je me retrouverais seul à affronter des problèmes dont je n’avais pas idée une semaine plus tôt. Alors quant à trouver des solutions… Et je crois qu’en fait, la même chose leur est arrivée. Personne ne comprend ce qui se passe et doit quand même trouver des solutions. Ouais. Ben si c’est ça le passage à l’âge adulte, ça promet…

  • Il avait réalisé quelques programmes pour automatiser les tâches les plus rébarbatives de son travail.

    Une fois cette trousse à outils logicielle terminée, il constata qu’il n’avait en réalité plus rien à faire de ses journées, à part répondre aux mails de l’équipe sur les questions cruciales. Thaï, indien ou burger, ce midi ?

  • Optimiser, pour beaucoup, revient à passer le moins de temps possible, en une fois, sur une tâche donnée. J’adhère à cet objectif, mais pas aux moyens. Notre cerveau n’est pas fait pour le multitasking, parait-il. Je ne dois pas répondre aux critères standards – plus un constat de défaut de fabrication qu’autre chose.

    Mais le remplacement de cette pièce n’étant pas d’actualité, je m’adapte. J’optimise mon fonctionnement aux moyens qui me sont imposés.

  • Les couches cachées de l’informatique ne sont que des masques pour donner à une tâche complexe l’apparence de la facilité. Vous tapez sur les touches d’un clavier et vous produisez du langage. Du sens. En réalité des échanges électroniques. Sur l’écran, le disque dur, les réseaux, dans l’œil qui lit ces lignes.

    J’appuie ces quelques touches, et je produis des réactions chimiques dans votre cerveau. Vous attendiez-vous à cela ?

  • Les chaînes de Markov sont des modèles mathématiques qui permettent de prédire l’état futur d’un système en étudiant son passé très proche.

    Une de leurs applications les plus courantes sont les fonctionnalités d’autocomplétion. Vous tapez le début d’un mot, la machine vous suggère sa fin.

    Devons-nous en conclure que nos discours s’enchaînent de façon prévisible ?

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