Je dois être à la mode : j’apprécie la figure post-apocalyptique du zombie. Petit retour sur la série The Walking Dead, inspirée du roman graphique du même nom.
Pour ceux qui ne suivraient pas l’actualité des séries télé, qui sont en train de devenir une forme cinématographique à part entière, The Walking Dead est une série en 6 épisodes produite par la chaîne payante AMC à qui l’on doit aussi Breaking Bad et Mad Men. The Walking Dead représentait l’une des grandes attentes de la saison 2010-2011.
Cette attente semble avoir provoqué beaucoup de déception chez les fans. Les critiques ont en effet été assez négatives, sans doute car l’histoire narrée par le programme télé diverge de celle du comics. Je suis donc parti dans le visionnage avec une grande envie mais également une grande crainte. qui s’est retrouvée infondée. Peut-être m’attendais-je à une daube sans nom après avoir lu tout et n’importe quoi sur la réalisation, la photographie, l’histoire, le jeu des acteurs. En tout cas, n’ayant pas lu la BD, je ne souhaitais que voir une programme de qualité sur un thème que j’apprécie. Les annonces autour de l’orientation narrative (comment rester humain au milieu d’une apocalypse zombie ?) confirmait que je ne verrai pas une surenchère d’hémoglobine.
Parmi les critiques fondées, il faut bien reconnaître que le premier épisode est mieux réalisé que les suivants. La caméra de Frank Darabont (Les évadés, La ligne verte, The mist) y est bien sûr pour quelque chose. La photographie étant intimement lié à ce premier aspect, la remarque s’applique de la même manière. L’histoire ne m’a pas déçue. J’en ai personnellement assez des hordes de zombies qui ne sont là que pour délivrer des scènes gores. Ici, en six épisodes, on ne compte véritablement que deux grands affrontements, le plus marquant étant celui du pilote : il s’agit en effet de la première rencontre avec les walkers – en masse.
Toute la peur distillée par la série l’est de manière insidieuse. Les réalisateurs des différents épisodes – et les scénaristes derrière eux – jouent avec nos craintes attendues comme Wes Craven en son temps dans Scream pour mieux les décevoir (encore que, on sursaute plus d’une fois pour des faits en réalité anodins). L’horreur n’est donc pas là où on l’attend : elle est pourtant omniprésente. On se retrouve vite à s’imaginer vivre dans ce contexte : aucun répit, aucun repos possible. D’aucuns seront bien sûr déçus par cette explosion toujours repoussée mais tout le jeu de la série est là : repousser l’inévitable, à coups d’espoir.
Et c’est là la grande force de cette série, la question qu’elle nous pose en tant que spectateur : qu’est-ce qui nous pousse à survivre face à l’horreur ? Qu’est-ce qui nous maintient en vie ? Sartre espérait peu de son prochain dans Huis-Clos, ici les auteurs confient l’espoir et la rédemption de chaque personnage à leurs proches, ou du moins à leurs compagnons d’infortune. Et même si on peut regretter la tentative d’explication à la crise zombie qui est exposée dans le dernier épisode, elle doit finalement plus être interprétée comme une voie nécessaire à explorer et qui s’avère être une impasse. Pourtant, même dans ce cul de sac, la survie tient à l’amour qu’on vous porte. Comme le dit le personnage principal : avoir le choix de se garder une chance.
J’attends donc les douze épisodes de la seconde saison, programmée pour l’été prochain avec intérêt. Ce ne sera peut-être pas toujours fidèle à cette BD que je n’ai pas encore lu, mais qu’importe si c’est au moins aussi bien que cette première saison.