J’en entends dire, ici et là, que mon séjour en Guyane manque cruellement d’aventure, de péril et de rocambolesque. A ces amateurs de sensationnalisme, je vais donner de la viande fraîche et tendre en pature : la mienne. A la question, peut-on paître de la viande, je répondrai, saoule pas ton monde, c’est une image.
Ma journée de Dimanche a donc été placée sous le signe de l’Avonture, modèle jongle.
Après m’être levé plus tôt que certains critiques de Métropole qui se hasardent rarement au delà du périph, quasiment jamais par delà la Francilienne, et malgré le décalage horaire – j’étais en effet levé à 5h30 heure guyanaise, ce qui fait du 9h30 dans le 11eme arrondissement – je prenais mon fidèle pot de yaourt bleu de chez Peugeot, et me rendais sur le mont Matoury. Comme chacun sait dans le monde de l’Avonture, modèle jongle, le Mont Matoury se situe à Matoury (et oui, on ne rigole pas avec la géographie). Je partais bien sûr sans guide, personne n’ayant voulu me suivre dans cette expédition. Les panneaux “Promenade Lamirande – Mont Matoury” mis là par la DDE pour éloigner les imprudents et les pleutres les ayant sans doute effrayés.
Et je les comprends, pauvres hères… A peine sorti de ma voiture, alors que sur France Inter, Nicolas Sarkozy nous propose une version électoralement correcte du Ministère de la Question Maghrébine, la Jongle résonne de mille cris (nous sommes parfaitement d’accord, le début et la fin de cette phrase n’ont rien à voir – encore que). Je m’avance prudemment sur ce chemin à peine recensé sur les cartes. A l’affut du moindre bruit, aux aguets de la moindre menace, je tâte le terrain.
J’évite ainsi de glisser dans le noir sur ce qui s’avérera par la suite n’être que le chemin d’accès à la promenade proprement dite. J’en entends qui ricanent ? Comment auraient-ils réagi face à ce panneau indiquant le point de vue ? Comment, je vous le demande, alors que le point de vue, vous le verrez effectivement en cliquant sur l’image !
Vous voyez bien que c’est une zone sauvage où la nature reprend ses droits ! N’auraient-ils pas fui de panique, confronté à ces prédateurs hors du commun (taille réelle, environ 5 cm – vous avez bien lu : 5 ! pas 2, pas 3, pas 4, non : 5) ?
Et n’auraient-ils pas été perdus d’angoisse et d’indécision face à ce passage surplombant un précipice d’au moins, j’sais pas, 3 m ?
Le vrai aventurier, comme moi, se reconnait à son sens pratique : il prend l’escalier 5 m plus loin.
Vous l’aurez compris, pour ce genre d’escapades, il faut avoir le coeur et l’estomac bien accrochés – et ça tombe bien, puisque je n’avais pas pris mon petit-dej.
Harassé de fatigue – normal à 7h30 du matin – affamé, je m’apprêtais à me nourrir sur la flore locale. Un autre explorateur, plus aguerri encore, m’arrêta. Faut pas manger ça monsieur, ce sont des oiseaux de paradis.
Des oiseaux, m’étonnais-je ? Aurai-je attrappé quelque fièvre locale qui me ferait confondre le règne animal et le végétal. L’autre rit, et s’éloigna d’un pas assuré, suivi par sa harde de chiens – un berger belge et un yorkshire. A suivre…