Non, non, il ne s’agit pas comme le suggère Marie-Georges Profonde de vilipender un quelconque canal hertzien ou numérique terrestre. On parlera plutôt d’une expérience d’humiliation publique, ou de psychothérapie, c’est selon. Le tout comprend des chaînes dont le poids symbolise l’ignorance qui nous pèse et nous retient au sol comme un boulet empêche l’albatros de rejoindre les cieux, avec la grâce qu’on lui sait.
Ou pas, hein. Si le but est bel et bien d’avouer son inculture (exercice ardu s’il en est, car comme dit toujours Marie-Georges, “comment savoir ce qu’on ne sait pas”), c’est surtout l’occasion de frimer avec ce qu’on sait et de raconter des anecdotes croustillantes.
Je vais donc, devant vos yeux et Bobby (ah ah ah), démontrer mon inculture dans les domaines suivants : cinéma, livres, géographie, mathématiques, nourriture et boissons.
Merci à Cochon de m’avoir passé le relais.
C’est parti.
Cinéma
Il fut un temps encore assez récent où il me suffisait de voir les premières secondes de la première bobine d’un film pour pouvoir le nommer. Sans avoir vu le titre, s’entend. Un studio, une ambiance, un producteur, un réalisateur, et je vous sortais de mon chapeau un nom de film dont vous n’aviez même pas entendu parler. Non pas que j’avais vu le film en question, mais une bonne mémoire associée à une lecture assidue de Première et des Cahiers me permettait d’identifier assez vite l’œuvre en question.
Ça ne servait pas à grand chose, mais ça faisait toujours son petit effet dans le cercle familial.
Après quelques années à bosser de plus ou moins loin sur des scénarios de films, j’en suis venu à connaître à l’avance la structure, voire le récit de certaines perles du 7ème art.
Ainsi époustouflais-je un collègue de boulot en lui racontant quasiment au plan près Alien vs Predator qu’il était allé voir le jour de sa sortie, et pour lequel il s’enthousiasmait grandement. Je lui ai narré la scène où une héroïne se retrouve seule et désarmée face à un Prédator. On est persuadé que la Bête va se tailler des dés de jambon dans la Belle musclée, décolletée et tachée d’huile, alors qu’en fait il vise l’Alien derrière elle, signant la début d’une belle amitié inter-raciale entre une femme et… hum… un truc gluant. Je pense que mon collègue est toujours persuadé que j’avais vu l’extrait.
A côté de ça, je n’ai vu de Kubrick que 2001 et Spartacus, aucun Kurosawa, aucun Ettore Scola, Fellini, Bergman et je n’ai attrapé que des extraits de la Vie de Brian sur Youtube, … bref, j’ai soigneusement -et involontairement – esquivé tous les grands classiques.
En ayant fait une licence d’Arts du Spectacle (DEUG Cinéma et Licence Théâtre), avouons que ça relève de l’exploit. Comme quoi, les diplômes, c’est très surfait.
Livres
Mes lecteurs les plus fidèles (et vous autres qui arrivez ici en ayant tapé une insanité et en vous sentant un peu coupable de chercher des accouplements d’adultes plus ou moins consentants en Wallonie ou en Flandres), mes lecteurs, donc, savent que je lis beaucoup. Mes chroniques, sobrement intitulées “Je Bouquine“, en hommage au mensuel que je mettais deux heures à dévorer, le prouve.
On pourrait se demander ce que je vais pouvoir déblatérer comme preuve d’inculture littéraire. Et pourtant. Il me suffit d’écouter Les Papous dans la tête et le jeu du diagnostic littéraire à l’aveugle pour mesurer l’ampleur de mon ignorance crasse.
Le jeu en question consiste à identifier la paternité d’une vingtaine de lignes, absolument sorties du contexte. Les participants de l’émission, tous écrivains et gens de lettres forts humains au demeurant, entendent ces vingt lignes et les analysent : époque d’écriture, traduction, auteur… C’est terrifiant : la plupart des noms d’auteurs lancés en guise d’hypothèses me sont au pire inconnus, au mieux je n’en ai rien lu. Ça va de Borgès à Duras en passant par Proust, Mauriac, Tourgeniev et tant d’autres. Et bien sûr je ne cite ici que ceux que j’ai retenus pour en connaître le nom.
La chair est triste, et j’ai pas vraiment lu tous les livres.
To be à suivre…