C’est en substance (si vous voulez bien me passer l’expression) ce que me disait une amie récemment. Et ce avec quoi je ne pouvais être d’accord.
Comme chacun sait, avaient lieu hier les élections régionales. Bien que de peu de suspens, et ayant pour seul intérêt l’éventualité d’un après qui permettrait l’unification d’une opposition jusqu’ici par trop éclatée, ces élections m’intéressaient, au moins leur résultat. J’ai donc ouvert ma télé, hélas trop tard pour avoir “l’annonce des chiffres”. Voulant m’épargner le blabla improductif des leaders d’ici et d’ailleurs, je me retournais vers mon ordinateur pour obtenir ce que je voulais savoir : Alliances de gauche 21, UMP 1, les DOM-TOM tout le monde s’en fout, malheureusement pour eux.
Une fois ces informations primordiales obtenues, je partais sur une toute autre chaîne que celle énonçant les performances région par région : Paris Première. On y passait le très bon Copland, que je n’avais pas vu.
Dommage qu’il y ait la pub, car la possibilité de choisir la version originale sous-titrée est bien agréable (merci mon très coûteux abonnement “triple play Téléphonie+Internet+TNT et d’autres chaînes dont vous n’avez jamais entendu parler”, le tout pour 30 euros mensuels).
C’est donc avec plaisir que je retournerai sur Paris Première mardi pour la soirée Clouzot, et jeudi pour Gangs of New-York de Scorsese, après être passé par Arte lundi pour Le salaire de la peur du même Clouzot.
Quel rapport avec le sujet d’origine ? Tout simplement le fait qu’on puisse choisir parmi une pléthore de programmes. Certes, j’en conviens plus que volontiers, une immense partie des chaînes bénéficient d’une programmation à pleurer (j’ai déjà parlé des diffusions dans le désordre des séries télé, je ne m’étendrai pas sur les programmes de télé-réalité). Il existe cependant de très nombreuses chaînes diffusant des documentaires de qualité, des opéras, du théâtre, du cinéma autre qu’à grand spectacle ou formaté “ménagère de moins de cinquante ans”, en dehors de toute souscription à des bouquets satellites ou câble.
Tout cela ne remplacera jamais une visite au musée, une représentation, un voyage ou une lecture approfondie sur tel ou tel sujet mais avez-vous le temps et les moyens d’aller voir des expositions, ou au théâtre, à l’opéra, au cinéma plusieurs fois par semaine ? ? Personnellement, cela m’est financièrement et physiquement impossible. En revanche, Arte propose des soirées Théma tout à fait accessibles, France 4 et France 5 regorgent de bons programmes (émissions musicales, documentaires, débats), et les chaînes de la TNT diffusent d’excellents films. TNT à laquelle vous accédez gratuitement ou via le bouquet de votre offre internet pour la plupart.
Rien ne m’oblige à rester devant Ferme-la, Célébrités, pas plus qu’on ne me force à m’abonner Voici ou Détective. Je peux en revanche me laisser emporter par des émissions traitant de sujets qui a priori ne me passionnent pas. Je n’emprunterai sans doute pas spontanément un livre d’architecture à ma bibliothèque, mais un documentaire vu sur France 5 sur le défi technique du pont du détroit d’Akashi m’invitera peut-être à le faire.
De la même manière, suivre l’effort de construction de la ligne de chemin de fer reliant le Tibet à la Chine orientale, ainsi qu’un épisode de l’excellent magazine Le dessous des cartes me fait mieux comprendre pourquoi le Tibet intéresse la Chine, et pourquoi ils ne lâcheront jamais cette région (grossièrement, parce que c’est la plus grand réserve de métaux rares et d’eau, surtout d’eau, du secteur). Ce qui constituera toujours une meilleure introduction à la géopolitique que les sujets expédiés du JT de TF1 ou France2.
Le slogan de la Cinquième, future France 5, était autre fois “Éduquons ? C’est une insulte ?”. C’est délicieux : oui, la télé, à l’instar de tout média, de toute technologie, n’est ni bonne, ni mauvaise en soit. C’est ce que vous en faites qui lui donne sa qualité (au sens premier du terme). La télévision ne constitue pas exclusivement pas un ramassis d’ordure, pas plus que l’Internet ne sert qu’aux pirates pédonazis. La télévision peut devenir un formidable outil d’éveil quand il est accompagné de deux appareils trop souvent oubliés : télécommande et cerveau ! Et n’oubliez pas, la culture ça tient à peu de choses : sur votre télécommande, le 5 est juste à côté du 6 😉