Je cherchais quelque chose autour du 11 de 2011 et du 22 de l’épisode, et puis…
Démarrage en douceur pour cette année avec deux livres et demi ce mois-ci.
Tout d’abord, Deus Irae de Philip K. Dick et Roger Zelazny. Excusez du peu : l’un des auteurs les plus prolifiques et les plus révérés de la science-fiction qui s’associe avec un des maîtres de la fantasy, dont le seul Cycle d’Ambre le place au pinacle du genre. Las. Quand on s’intéresse un peu à la genèse de l’ouvrage, on apprend qu’il fut certes écrit à quatre mains, mais sur une durée de dix ans. Sur le mode “ce projet sympa qu’on avait dit qu’on finirait”. Et fini sous la pression de l’éditeur de Zelazny qui voulait voir la couleur de l’encre dont il avait payé l’avance.
Le rythme de l’ouvrage rend bien compte de ce non-rythme d’écriture. Le monde post-apocalyptique dans lequel se situe l’histoire est très riche sans être fouillé : on sent les idées jetées dans le récit sans forcément être reliées les unes aux autres. Quelque part, cela sert l’ambiance générale de ces Etats désunis où le moindre trajet de 50 kms retrouve toute l’ampleur qu’il pouvait avoir dans l’Europe du XVIIIème siècle : lent, long, risqué. L’idée de départ a pourtant de quoi allécher le lecteur : après le réchauffement de la guerre froide, le conflit monte en puissance avec une course à l’armement toujours plus destructeur. Un homme invente finalement une bombe qui annihile l’immense de la vie sur Terre. Les survivants (parmi lesquels nombre de mutants et d’incomplets, des gens nés sans bras et/ou sans jambes) se répartissent alors en deux Eglises : celle du Dieu que nous connaissons, et celle du Dieu de la Colère dont l’incarnation a créé la bombe. Là où le Dieu chrétien est amour, le Dieu de la Colère délivre les hommes en leur infligeant la mort et la destruction.
Un intéressant changement de paradigme religieux qui n’est finalement jamais exploité. Soit le récit reste à la surface des choses, soit je n’ai vraiment pas réussi à me plonger dedans.
Grâce à un généreux don, c’est officiel, ma bibliothèque de BDs déborde. Physiquement. Il faut donc agir. L’angelus de midi, de Manu Larcenet, est donc le premier à passer sur la table de dissection. Que dire ? Larcenet se fait sans doute plaisir avec cet ouvrage auto-édité aux Rêveurs. On y retrouve des textes de son blog, et le reste du bouquin semble brodé autour, avec plus de texte que de dessins. Et les textes du Combat Ordinaire ont beau être magnifiques, on en est ici très loin. Pas convaincu du tout, donc, par cet exposé (pastiche et potache) d’un psychanalyste brésilien fils de nazi en fuite dont l’écriture lorgne vers le Desproges sans jamais en être. Bif bof, comme je dis souvent en terme d’argument indiscutable.
Et puis enfin, je me suis (enfin !) attaqué au Cycle des Aventuriers de la Mer (horrible traduction de The Liveship Traders), de Robin Hobb. Contrairement à son premier cycle de l’Assassin Royal, la forme est ici chorale, à savoir que l’on ne suit pas le destin d’un mais de plusieurs personnages dans cette aventure qui promet donc d’être longue (enfin, vu le nombre de volumes, on s’en doutait, merci). Comme dans tout récit à multiples points de vue, le démarrage est assez long… A voir dans quelles eaux ces Vivenefs (jolie idée de navire s’éveillant à la conscience au fur et à mesure que le capitaine et ses descendants meurent à son bord) nous emmèneront.