J’aurais aimé être un graphiste de talent et composer sous un logiciel de retouche photo une poursuite entre des livres cannibales et votre serviteur, le tout en reprenant l’esthétique générale du film de Dany Boyle, mais je n’avais ni le temps ni tant l’envie que ça, alors bon…
On fera avec. Jolie transition, n’est-ce pas ? Derrière cette boutade – expression valise se cache un album de Larcenet paru aux Rêveurs. Il ressort de cet album, comme du Fléau de Dieu – Une aventure rocambolesque de Attila le Hun, un sentiment assez agaçant. Les deux ouvrages traitent de la même chose, sous des angles à peine différents.
Dans le premier, Larcenet parle de sa difficulté à exister, à côtoyer les gens, à se lancer dans de grandes réalisations, à se supporter lui-même, bref à vivre. Vous l’aurez compris, l’auteur (qui utilise un je qu’il dénigre dans une postface finalement plus intéressante – ou pas – que le reste de l’album) nous parle de sa dépression.
Le Fléau de Dieu nous narre comment, une fois la dernière bataille de la Beauce remportée, Attila, ayant conquis le monde, se retrouve sans plus rien à faire et sans sentiment d’accomplissement particulier. Comment, arrivé à ses fins, il se rend compte qu’il poursuit un but qu’il ignore et qui le laisse vide… dépressif (son homme-médecine lui dit même le nom de sa maladie : “dépression”).
Euh. Bon. Ce second album est plus riche selon moi puisqu’utilisant le couvert d’une fiction, mais au final, toujours la même thématique par le même auteur, ça agace un peu.
Le manque de temps m’ayant empêché de lire autre chose, autant dire que je reste sur ma faim littéraire ce mois-ci. En plus il pleut. Tout ça est d’un déprimant…
Bonus Post-Scriptum : J’ai finalement exploité la langueur de ce dernier week-end pluvieux de février pour lire Crevaisons – Une histoire rocambolesque du soldat inconnu. Ah ben voila qu’il est bien bon. Le gardien d’un immense cimetière, étendu sur plusieurs dizaines d’hectares (il faut au moins deux jours pour rallier l’entrée depuis la petite maison du gardien) essaye de comprendre pourquoi il n’est plus est ravitaillé, qui est ce soldat apparu de nulle part… Je n’en dirai pas plus si ce n’est qu’il y a là, sans évidences, plus de réflexion offerte sur l’individu et la société que dans les autres bouquins parlant ouvertement de dépression : comme quoi, élargir le propos d’une seule personne à toute une collectivité (fut-elle un cimetière) apporte beaucoup.
Je reste en revanche très dubitatif sur Ex abrupto, un gros pavé de 256 pages sans texte. L’histoire n’est pas des plus limpides, et la critique – qui a plutôt tendance à encenser cet album – insiste sur la nécessité de lire plusieurs fois l’ouvrage pour s’en imprégner. Là où je tique, c’est que cette même critique vante la lecture de 36 pages parues en bonus-collector-édition limitée. Euh… Autant je suis pour laisser le lecteur trouver toutes ses clés, autant demander 4 lectures dont une avec une édition limitée me parait plus problématique. Un album à la qualité graphique indéniable, mais peut-être trop élitiste pour moi dans sa narration, du coup je passe à côté.