Qu’y a-t-il de commun entre le Ministère de la Santé et la Hadopi ? Un certain goût étatique du paradoxe.
Chacun sait que les campagnes contre le tabac menées par le Ministère de la Santé relèvent du paradoxe (voire, d’aucuns diront, de l’hypocrisie). En effet, l’argent dépensé dans ces campagnes dissuasives sont issues – pour partie, comme le reste du budget de l’Etat – des recettes liées aux importantes taxes sur les ventes de tabac, dont la SEITA, société d’État privatisée en 1995, assurait jusqu’en 1999 une part (à travers ses marques Gauloises et Gitanes, aujourd’hui propriétés de Altadis).
En clair et pour schématiser, l’État taxait sa production pour en financer le dénigrement.
Je ne suis pas journaliste et je ne dispose pas des ressources temporelles nécessaires pour calculer l’ensemble des dépenses et des recettes liées au tabac. On peut évidemment relever le chiffre d’affaires direct du tabac : quels volumes sont écoulés, à quel prix, quel est le pourcentage de prélèvement fiscal sur la vente des paquets et mettre le montant obtenu dans la case “recettes”. Auquel il faudrait ajouter les recettes “liées”, bien plus difficile à estimer : les boissons achetées dans les bars-tabacs, les accessoires (et je ne parle pas que des briquets, mais des étuis plus ou moins luxueux et autres gadgets…), les emplois créés ou maintenus par les débits de tabac, par les sociétés chargés d’assurer la protection contre l’effraction des dits débits, etc, etc…
Derrière une cigarette se cache un paquet d’argent, et les dépenses de prévention, d’hospitalisation, de soins ne pèsent que finalement peu dans la balance. Il avait même été calculé – assez cyniquement – qu’un fumeur coutait en moyenne moins cher qu’un non-fumeur à la Sécurité Sociale : en effet le fumeur a toutes les chances de succomber relativement jeune à une maladie ou un autre, et donc de moins percevoir de pensions de retraite et de nécessiter moins de frais d’hospitalisation due à un grand âge qu’il n’atteindra pas.
Bref, on comprend que la cigarette ne soit pas de l’argent parti en fumée pour tout le monde.
Si des gens sont assez cyniques ou calculateurs pour tolérer que des gens meurent à petits feux, fait-il s’étonner que la moindre platine DVD (soumise à une TVA régulière grâce à l’obsolescence technique voire physique programmée ) se vende aujourd’hui avec toutes les capacités logicielles pour lire des vidéos issues du téléchargement illégal ?