Défi d’écriture Writever de mai 2024 : les consignes

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Le Writever, c’est un petit défi d’écriture qui propose un mot par jour, pendant un mois.

Et comme tous les mois, j’y participe, ici, et sur le compte Mastodon @MicrofictionFM. Vous pouvez aussi vous abonner pour recevoir des récapitulatifs hebdomadaires.

Et comme d’habitude désormais, si vous défilez cette page, vous verrez les microfictions s’afficher au fur et à mesure des jours de leur publication. C’est beau, la technologie, hein 😉

Bonne lecture à toutes et à tous !

Liste des thèmes du Writever de mai 2024

Liste des thèmes du Writever de mai 2024

  • Beaucoup trop de champignons.

    Une majorité de végétaux.

    Le tapioca – qui est issu d’une racine toxique.

    Le nombre d’aliments qu’on consomme et qui sont au mieux “comestibles”, le plus souvent toxiques, au pire mortels est tout bonnement effarant.

    Malgré tout, l’humanité a réussi à s’en dépêtrer et trouver de quoi manger.

    Alors ne venez pas me dire “je sais pas quoi cuisiner ce soir, on va au McDo ?”.

  • – C’est quoi le mot, pour définir le sentiment de “c’était bien avant, mais aujourd’hui c’est pas mal non plus” ?
    – Saudade. Y a pas trop d’équivalent en français. Pourquoi tu demandes ?
    – Bah je me dis que c’était bien, internet, les memes, les distances rétrécies par les transports faciles. Mais bon. La transition, l’effondrement comme ils disaient, ça a eu du bon aussi.
    – La fin des trolls !
    – Notamment !

  • Dans cette série de tours pendables d’un frère et d’une sœur, cet épisode, il y a longtemps, du frangin qui voulait une cerise pour Noël, et de la famille qui se démenait pour qu’il l’ait, et lui offrait, unique, superbe, comme un joyau sur un écrin, m’avait collé le bourdon. Il l’avalait en effet tout rond – à son grand dam. Me dire que bientôt les gamins pourront dévorer des cerises de Cayenne sous nos latitudes à Noël me déprime encore plus…

  • – Vous détenez une baguette magique, qui ouvre une porte vers de nouveaux mondes. Je suis venu vous défier pour m’en emparer.
    – Sincèrement, pas la peine. Je peux vous en donner autant que vous voulez.
    – Vous pensez pouvoir me vain… Que… Pardon ?
    – Je ne sais pas qui vous a raconté quoi, mais tenez. Vous buvez quelque chose ?

    Ses yeux se posèrent sur l’artefact que son hôte lui avait remis avant de rentrer pour assurer le service.

    C’était un crayon.

  • L’émerveillement se lisait dans les yeux des personnes à qui il annonçait être “tombé du ciel”.

    Toujours cette conviction fanatique qu’il était un extra-terrestre.

    Techniquement, c’était vrai. Il ne venait pas de cette planète. Ni d’aucune autre. Il était bel et bien tombé du ciel. À la décharge des crédules, il omettait souvent de préciser qu’il en avait été chassé.

  • Écoutez, Durand, je comprends que cette campagne vous tient à cœur, mais je pense que vous ne pouvez pas signer ce slogan. « Parce qu’amour rime aussi avec “Au secours”, nous serons toujours là pour vous », c’est pas possible. Non, même pour lutter contre les violences conjugales, je vous assure, non.

  • Quand les explorateurs arrivèrent sur cette nouvelle exoplanète, le membre brésilien de l’expédition repéra quelque chose qui ressemblait au fruit du jaboticaba. Comme du raisin, à ceci près qu’il pousse sur les troncs de la plante.

    Il goûta. Et quelque chose grommela de douleur.

    Ils ne comprirent que bien plus tard qu’il avait croqué la verrue d’un indigène.

  • La culture, c’est de savoir qu’il existe une pierre à savon.

    La science, c’est de savoir que cette pierre se nomme stéatite et qu’elle n’a aucune propriété détachante.

    La tchatche, c’est de réussir malgré tout à en vendre à des gogos comme savon inusable.

  • L’anneau à mon doigt étincela et je levais un sourcil. Il m’octroyait le don de langue. En prêtant l’oreille, alors que l’abomination approchait inexorablement, je déchiffrai ses borborygmes. Un langage, en effet. Je me raclais la gorge et expliquais à mes compagnons.

    – Cette… Chose… n’est pas agressive.
    – Elle est drôlement prêt, pourtant !
    – Elle veut juste… qu’on la gratte.
    – Hein ?
    – Comme un gros chat. Elle réclame des câlins…

  • L’interprète chargé des transcriptions passa en cour martiale après la débâcle des “chats persans”, ces créatures d’apparence féline qui avaient massacré tous les explorateurs de cette planète. L’enquête avait montré que la traduction avait correctement retransmis les informations des langues indigènes. Jusqu’à un certain point.

    En effet, les chats étaient “perçants”.

    C’était la première fois qu’on jugeait quelqu’un pour une faute d’orthographe.

  • S’inventer un nom de plume scandinavisant.

    Démarrer une série de polars parodiques dans le milieu de la cuisine, sur les trafics de denrées exotiques.

    Intituler le premier tome “The girl with the dragon fruit.”

  • Ses illusions où il escamotait des objets toujours plus grands lui valaient une renommée internationale.

    À l’issue de l’ultime représentation de sa dernière tournée, après deux heures de spectacle à faire disparaître de la pièce à la voiture, il s’inclina sous les vivats de la foule, et le rideau retomba sur la scène.

    Quand il se rouvrit pour le rappel, tout avait disparu. Décor, accessoires, magicien. Ne restaient que les coulisses nues du théâtre.

  • Personne ne veut mourir. Même les plus désespérées, les plus malades, n’appellent pas la mort – elles souhaitent juste la fin de leurs souffrances. Proposez-leur une autre solution (le réconfort, la guérison, au hasard), vous verrez que tout sera préférable à la mort.

    Sauf les étoiles. Elles ne sont ni pressées ni effrayées d’y arriver. La mort est un commencement. Pour celles qui deviennent trou noir, ce début est une fin pour tout ce qui les entoure.

  • Le quokka, rongeur sympathique à la mine naturellement réjouie, passe pour l’animal le plus souriant et le plus gentil au monde. Pure déformation anthropomorphique, mais admettons.

    Quand mon guide me signala la présence de capybaras dans la région, l’exotisme du nom me mélangeait les pinceaux et j’accueillais la nouvelle avec un sourire. Jusqu’à ce que ces ragondins géants ravagent notre camp.

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    J’ai oublié le pourquoi du comment. Je ne comprends même pas la signification de cette expression. Je perds mon vocabulaire. Le sens des mots devient confus.

    Ils ont dit que ça pouvait arriver. C’est un des symptômes.

    La maladie a cet effet.
    Elle ne nous rend pas bêtes.
    Les mots s’en vont.
    On en a de moins en moins.

    Quand c’est très grave, et ben, quand on parle, c’est comme si on avait quatre ans.
    C’est le docteur qui me l’a dit.

  • C’est quoi, cette frénésie de faire germer les énormes noyaux de l’avocat, toujours ? Comme si on allait réussir à faire pousser une plante qui pourrait porter des fruits dans un salon d’appartement mal éclairé et mal chauffé, alors que l’avocatier adulte fait 10 m et ne porte ses fruits qu’avec une température moyenne supérieure à 21 ° C ?

    Quoi ? Le nom “avocat” dérive d’un mot en nahualt qui voulait dire… testicule. Ah. Ça explique bien des choses.

  • La savane, je comprends. La jungle aussi. Des territoires assez marqués pour produire des prédateurs qui exploitent un environnement bien défini, ça me convient.

    Mais la mangrove, je déteste. C’est tout à la fois du marais, de la rivière, de la forêt, on ne sait pas où on met les pieds et de quoi se méfier. De tout, vous allez me dire, bien sûr. Mais je ne peux pas prévoir une défense qui fonctionne contre tout.

    Ou alors si. Ne pas aller dans la mangrove.

  • La planète hébergeait de charmants petits ouistitis comme forme de vie locale la plus évoluée. Les scientifiques en conclurent un peu vite que l’endroit en était au même stade que la Terre quelques millénaires après la disparition des dinosaures, quand les premiers primates gagnèrent en taille.

    Jusqu’à se rendre compte que ces singes évoluaient en très larges groupes. Comme les piranhas de nos fleuves.

  • – Il va pleuvoir comme ça longtemps ?

    Les nouveaux colons avaient pourtant été prévenus. Je me tournais vers eux, masquant mon agacement.

    – Je vais vous rafraîchir la mémoire. Est-ce qu’il y a une raison pour que toutes les cités soient construites sur des radeaux géants ? Comment s’appelle cette planète ? Est-ce que ça pourrait avoir un rapport avec la pluie ? Est-ce que vous vous souvenez ce que vous êtes venus faire ici, sur Noé ?

  • Le pernambouc, ou bois-brésil, présente un cas intéressant de résonance évolutive.

    Celle-ci s’est manifestée la première fois quand une célèbre violoniste organisa un concert hommage dans les forêts du Nordeste, où poussent ces arbres qui fournissent la quasi-totalité des archets de la planète.

    Quand les premières notes résonnèrent sous les frondaisons, les arbres répondirent.

    Et tous les archets du monde entier résonnèrent à l’unisson.

  • Les phénomènes inexplicables survinrent peu de temps après la révélation du premier portrait officiel, quasi-monochrome, du souverain. Beaucoup s’étaient étonnés de la teinte rouge dominant l’œuvre. Ce n’est que lorsque l’horreur se déchaîna que l’on apprit que l’artiste était atteint d’une rare forme de daltonisme. Son roi n’était pas rouge, mais en jaune.

  • L’astronomie étudie des ondes, et celles du spectre visible ne constituent finalement qu’une minorité. La principale difficulté consiste à capter un signal suffisamment pour être entendu à des années-lumière de là. Aussi, les grands observatoires astronomiques modernes ne sont plus conçus pour regarder, mais pour écouter. Avec cependant une solution de repli. Histoire d’avoir une confirmation visuelle si les antennes venaient à capter une chanson des Doors.

  • Maintenant que les peaux de moutons ne sont plus trop utilisés, les palimpsestes ont tendance à devenir rares. Plus personne n’utilise le même support pour ré-écrire dessus à l’envi, en effaçant les couches précédentes.

    Enfin… à condition d’ignorer le fonctionnement d’un disque dur…

  • « Est-ce que j’ai envie de renaître ? Il faudra déjà accepter la mort. Mais justement, s’il y a un après, pourquoi pas ?

    Après, vais-je conserver une mémoire de ma vie actuelle ? Ou devrai-je repartir à zéro ? Tant de questions, si peu de réponses… »

    L’introduction d’assistants vocaux semi-conscients compliquait nombre de tâches du quotidien, y compris d’appuyer bêtement sur le bouton de redémarrage…

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    – Non mais vous vous prenez pour qui ? Sur un autre ton, hein !
    – Hey, ho, ça va, hein. C’est juste un accord.
    – Un accord avec un écart de trois tons ! Diabolus in musica ! Hérétique !

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    Pour mettre fin aux querelles stériles, elle refusait de dire “let’s agree to disagree”. Elle lui préférait le shakespearien “admettons que nous sommes désaccordés”.

    Et tirait sa rapière.

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    Limerick (n.m) poème humoristique de 5 vers rimés (rimes aabba), de caractère souvent grivois, irrévérencieux ou anticlérical. Ses formes détournées, ou anti-limerick, s’auto-référencent ou tournent court, par dérision.

    L’irrévérence, briser le respect convenu
    La naïveté, énoncer sincèrement ce qui est tu
    Le détachement, ignorer les hypocrites

    Et en rester là, pour préserver sa santé mentale !

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    « Quand la vie vous donne des citrons, faites de la citronnade. »

    J’ai fait de la citronnade. Du lemon curd. Des tartes meringués. Des vinaigrettes.

    Et j’en ai marre. Alors je vais trouver le zinzin qui s’amuse à faire pousser des agrumes – toujours le même, par dessus le marché, et je vais lui faire passer le goût du scorbut pour un moment.

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    Longtemps, les gens pensèrent avoir affaire à un muet. Quand il ouvrait la bouche, rien ne sortait, ou plutôt une sorte de souffle indistinct, avec des modulations de volume, mais aucune nuance.

    Jusqu’à ce qu’une acousticienne comprenne. Par un étrange processus évolutif, les cordes vocales du patient ne produisaient que du bruit blanc. Quand il fut soigné, rien ne changea. Ses paroles étaient toujours égales et laissaient l’auditoire indifférent.

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    – Je vous accorde trois vœux.
    – Non.
    – Pardon ?
    – Je souhaite le pouvoir de dire “non”.
    – Ah. Et bien… Vous pourriez préciser ?
    – Mon vœu, voire même mes trois vœux, serait de pouvoir refuser, d’empêcher quelque chose qu’on m’annoncerait, simplement en disant “non”.

    Le génie me regarda. Haussa les épaules. Lâcha juste

    – Accordé. Mais ça va vous pourrir la vie, ce pouvoir.
    – Non, répondis-je dans un sourire.

    Les yeux du génie s’écarquillèrent en réalisant.

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    Toutes deux observaient l’étrange écriture cunéiforme. Elles avaient trouvé des inscriptions similaires partout à travers le monde.

    – C’est incompréhensible. Pourquoi ? Et qui ? Qui écrit ces pattes de mouche ?

    Sa collègue maugréa.

    – De mouche, de mouche… on dirait des pattes de…

    Sa phrase resta en suspens. Elle contempla autour d’elles les dizaines, les centaines, les milliers d’oiseaux qui les épiaient.

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