Quand on essaie de s’astreindre à un programme de musculation, on a du temps libre. C’est assez paradoxal, finalement, de voir le temps passé assis à récupérer, proportionnellement au temps passé à faire des pompes, des tractions, des bonds, des abdos, et d’autres exercices innommables que l’Inquisition espagnole n’aurait sans doute pas renié dans ses plus heures les plus inventives.
Ce temps de récupération est occupé chez moi par une lecture édifiante, à défaut d’être saine : les prospectus électoraux que tout inscrit sur les listes devrait avoir reçu, si la Poste, dans un autre grand moment de chantage indigne du service public que ses salariés grévistes osent prétendre défendre (1).
A la lecture de ces mini-programmes, on en vient à regretter que certaines alliances n’aient pas eu lieu. Je n’ai lu pour le moment que les prospectus de Mmes Buffet, Voynet et de MM Besancenot, Bové, Nihous, Schivardi.
Passons sur le “candidat soutenu par des maires”, qui prône, rappelons-le, une rupture totale avec l’Union Européenne et l’abrogation du traité de Maastricht, au titre des diktats imposés par Bruxelles, sans se demander si son programme ne déclencherait pas une catastrophe économique nationale.
L’exposition du programme du candidat “Chasse Pêche Nature et tradition” sonne très creuse au mieux, dangereuse au pire, puisqu’on y parle de “cesser les délires écologiques”. Non à l’écologie punitive ? Malheureusement, on constate que la majorité des gens ne changent que devant la peur du gendarme. Et si je suis pas aussi radical que Paul Watson et consorts, j’estime avoir besoin de tels activistes pour m’amener à me poser les bonnes questions.
On peut légitimement regretter que les 3 B ne soient pas mis d’accord pour une candidature commune, tellement le fond de leurs discours semble proche. Je trouve d’ailleurs étonnant que Olivier Besancenot devance José Bové dans les sondages, tellement ce dernier semble avoir une approche plus construite sur les mêmes idées.
Je regrette également l’approche des Verts : infuser du social dans l’écologie me semble une mauvaise approche pour le grand public. Tout ça n’est qu’une histoire de forme, comme on le sait, mais n’est-ce pas le plus important pour beaucoup d’électeurs (2) ?
Toujours est-il que j’aurais préféré voir de l’écologie transparaitre dans tous les thèmes de campagne plutôt que l’inverse : cela me semblerait plus constructif et plus marquant, sur une ligne directrice “oui nous pouvons nous occuper des grands thèmes de la société, et oui nous pouvons le faire de manière écologique”.
D’ici ce soir, si les courbatures ne m’ont pas terrassé, j’espère bien vous avoir parlé de Mmes Laguillier et Royal, et de MM. Bayrou, Le Pen, De Viliers et Sarkozy. Et si, il le faut…
1 : Penser à faire des phrases de moins de 3 lignes, et moins tordues tant qu’à faire
2 : Moi-même je me fais “avoir” par José Bové dont le document possède une maquette plus claire et lisible que ses 2 collègues d’extrême gauche.
PS : j’ai été mi-amusé, mi-consterné de voir comment la séduction putassière envers le corps électoral féminin était bien représenté avec des -e-s à la fin de chaque mot s’y prêtant. Tout cela me rappelle un sketch de Pierre Desproges à l’époque où il œuvrait sur France Inter (donc en 1984 au bas mot), qui expliquait que dire “Françaises, Français” était aussi ridicule que de dire “Belges, Belges”, mais que heureusement, ça se voyait moins.